C’est la première fois dans l’histoire de la République française qu’une cérémonie religieuse prend place au sein de l’Élysée. Ce jeudi 7 décembre, Emmanuel Macron a accueilli le grand rabbin de France, Haïm Korsia pour allumer les bougies de d’Hanouka, l’une des plus importantes fêtes juives. Alors qu’il s’érige en garant suprême de la laïcité, le chef de l’Etat fait face à une pluie de condamnations.
Le président du Crif dénonce une erreur
Ce jeudi 7 décembre, Emmanuel Macron participait à une cérémonie dans l’enceinte de l’Elysée pour recevoir le prix Lord Jacobovits, accordé aux chefs d’État et de gouvernement européens qui luttent contre l’antisémitisme et défendent la liberté de pratiquer la religion juive. Pour l’occasion, il a également assisté à l’ouverture d’Hanouka, l’une des principales fêtes juives. La séquence, publiée aussitôt, montre le président de la République aux côtés de Haïm Korisa, le grand rabbin de France, qui allume une bougie à l’aide d’une autre. De quoi faire grincer des dents les défenseurs de la laïcité. «Comment peut-on refuser de participer à une marche civique contre l’antisémitisme au motif incongru et fallacieux de la sauvegarde de l’unité nationale, et célébrer une fête religieuse au sein du palais présidentiel ?», s’est ainsi demandé David Lisnard, le maire LR de Cannes.
Alors que le 9 décembre prochain, la France célèbrera la date anniversaire de la loi 1905 sur la séparation des Eglises et de l’Etat, la célébration d’une fête religieuse à l’Elysée pose question chez tous les opposants. Ces derniers mettent avant l’inconséquence des actes du président de la République, alors qu’il avait expliqué que ce n’était pas son rôle de marcher contre l’antisémitisme. Alexis Corbière a mis en garde face à une « spirale dangereuse » avant d’interroger : « Macron va-t-il faire de même pour tous les autres cultes ? Certains oui, d’autres non ? ». De son côté, la présidente de la région Occitanie, Caroline Delga a rappelé qu’on « ne transige pas avec la laïcité. Ce commun est précieux mais fragile ».
Même son de cloche du côté du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). Yonathan Arfi, le président, a jugé qu’il s’agissait d’une erreur. « Effectivement ce n’est pas la place au sein de l’Elysée d’allumer une bougie de Hanouka parce que l’ADN républicain c’est de se tenir loin de tout ce qui est religieux », a-t-il déclaré.
Pas de « violation de la laïcité » selon Gérald Darmanin
L’entourage d’Emmanuel Macron s’est défendu de toute violation à la laïcité en évoquant le contexte de cette célébration, qui a eu lieu à l’occasion de la réception du prix Lord Jacobovits. « La laïcité ce n’est pas cachez moi cette religion que je ne veux pas voir », a expliqué Gérald Darmanin. « Il n’y a nulle violation de la laïcité » a affirmé le locataire de la place Beauvau sur France Info ce vendredi matin. « La laïcité ce n’est pas la négation des religions. La laïcité, c’est, au contraire, que toutes les religions puissent exister et cohabiter sans que l’État n’en choisisse aucune », a complété Gérald Darmanin.