C’est la plus grande affaire de cyber-harcèlement jugée en France. L’agente Magali Berdah, prise pour cible par le rappeur Booba, vient d’obtenir gain de cause. « Elle a été la cible de cyberharcèlement en meute d’une rare violence avec des composantes sexistes et antisémites. Ça a touché toutes les dimensions de sa vie, sa vie privée, professionnelle, sa santé » ont fait savoir ses avocats Maître Rachel-Flore Pardo, Maître Antonin Gravelin-Rodriguez et Maître David-Olivier Kaminski.
« Un soulagement »
Ce mardi 19 mars, le tribunal correctionnel de Paris a donné raison à Magali Berdah. Depuis que le rappeur Booba est entré en croisade pour dénoncer ses pratiques, l’agente d’influenceurs est la cible d’un harcèlement particulièrement violent qui prend place sur les réseaux. Tout commence en 2022, quand le rappeur accuse Magali Berdah, fondatrice de l’agence Shauna Events, une agence spécialisée dans les relations entre les influenceurs et les marques, d’escroquer ses prestataires. S’en suit une vague de haine et d’insultes sur les réseaux. Et depuis ce jour, Magali Berdah n’a jamais cessé d’en être victime. «Que ta fille meurt», «pour tout l’amour du ciel, crève en souffrant Magali», «perso je te croise je te viole aussi espèce de salope», « sale chienne », « arnaqueuse », « tu mérites d’être décapitée et lapidée ». Voilà ce que la femme d’affaires a pu entendre. Magali Berdah, 42 ans, a confié au tribunal avoir été à « deux doigts de se jeter par la fenêtre ».
Au total, près de 120 000 menaces ont été recensées. Au tribunal, 28 personnes âgée de 20 à 49 ans ont été jugées entre le 27 novembre 2023, le 12 décembre 2023 et le 24 janvier 2024. «28 prévenus, c’est beaucoup. Mais c’est aussi insatisfaisant. Ce n’est qu’une toute petite partie des personnes qui ont participé à ce lynchage en ligne, qui ne s’est pas arrêté après novembre 2022, au contraire » a déclaré au Figaro Me Rachel-Flore Pardo, l’une des avocates de Magali Berdah. Mais la détresse de l’agente a été entendue. «28 peines d’emprisonnement dont 14 peines de prison ferme, allant jusqu’à 12 mois d’emprisonnement ferme» ont été retenues contre les cyberharceleurs, comme l’ont détaillé ses avocats. Ils devront également verser au total 54.000 euros de dommages et intérêts à Magali Berdah. «Le début d’une reconstruction », pour l’agente.
Booba, à l’origine de cet acharnement ?
Pour Magali Berdah, il apparaît très clair que cette déferlante de haine qu’elle a subie est le résultat de l’effet de groupe insufflé par Booba. La plupart des prévenus ont d’ailleurs presque tous évoqué le rôle du rappeur dans cette affaire. De son côté, Booba, de son vrai nom Elie Yaffa, est mis en cause dans une procédure distincte. Depuis octobre 2023, il est mis en examen pour harcèlement moral en ligne aggravé et a été placé sous contrôle judiciaire. Mais il ne semble pas que ça l’ait arrêté. Il a continué de tweeter en mentionnant le nom de l’agente, et ce, même après avoir été placé sous contrôle judiciaire.
Si Magali Berdah attend elle aussi son procès en septembre pour banqueroute et blanchiment, , « rien ne saurait justifier le cyber-harcèlement, et certainement pas le comportement de la personne qui en est la cible », a commenté auprès de l’AFP Rachel-Flore Pardo.