Le Mur des Justes, situé au Mémorial de la Shoah dans le 4ème arrondissement de Paris a été vandalisé ce mardi 14 mai, date de la rafle du billet vert à Paris, en 1941. Ce dernier a été recouvert de mains rouges. Ce mur commémore les enfants juifs déportés mais aussi les 3 900 personnes qui ont mis leur vie en danger pour sauver des Juifs pendant le Seconde Guerre mondiale. Son vandalisme a suscité l’indignation et l’émotion, dans un contexte déjà tendu où l’antisémitisme gagne du terrain.
Une « atteinte à la mémoire »
Des « actes inqualifiables » découvert mardi ce 14 mai, le jour de l’anniversaire de la Rafle du billet vert où 37 000 Juifs ont été arrêtés. « Je condamne avec la plus grande fermeté ces actes inqualifiables. Aucune cause ne saurait justifier de telles dégradations qui salissent la mémoire de la Shoah et des Justes qui ont sauvé des Juifs au péril de leur vie », a écrit Anne Hidalgo, la maire de Paris, sur Instagram, avant d’annoncer avoir saisi la procureure de la République de Paris « au titre de l’article 40 du Code de procédure pénale ». La maire de Paris a également demandé à ce qu’un constat de police soit effectué avant que l’édifice ne soit nettoyé.
« Dégrader le Mur des Justes parmi les Nations, barrage des Lumières contre le nazisme, c’est porter atteinte à la mémoire de ces héros comme à celle des victimes de la Shoah », a pour sa part déclaré Emmanuel Macron sur X. « La République, comme toujours, demeurera inflexible face à l’odieux antisémitisme », a-t-il ajouté Le Mémorial a affirmé que «cet acte lâche et haineux, quels que soient les auteurs et la signification de ces ‘mains rouges’ taguées ne fait que renforcer leur volonté d’amplifier leur «travail d’éducation et de pédagogie contre la barbarie, contre l’antisémitisme et toute forme d’intolérance». «Nous agissons contre l’intolérance et l’ignorance dans un moment de confusion et d’instrumentalisation de l’histoire de la Shoah et des génocides».
Que signifient les mains rouges ?
«Quels que soient les auteurs, cette dégradation du Mémorial de la Shoah, symbole des mains ensanglantées des terroristes qui ont lynché deux soldats israéliens en octobre 2000, résonne comme un cri de ralliement haineux contre les Juifs», a affirmé le président du Conseil représentatif des instituions juives de France (Crif) dans un message posté sur X. Une explication également avancée par le philosophe Raphaël Enthoven. Ces mains rouges avaient notamment été brandies lors des blocus de Sciences Po Paris.
Mais plus largement, ce symbole est repris dans diverses manifestations à travers le monde comme signe de révolte contre les dirigeants. C’est un symbole fort pour dénoncer le sang sur les mains des gouvernements. Il avait notamment été observé lors des manifestations américaines des Black Lives Matter ou encore en 1999 lors du procès du général Augusto Pinochet. Les mains rouges sont également largement associées au phénomène des femmes autochtones disparues et assassinées. Fin avril, ce sont des parents d’otages israéliens détenus par les terroristes du Hamas dans la bande de Gaza qui s’étaient peint les mains en rouge, à l’occasion de Pessah.
Quoiqu’il en soit, qu’il s’agisse de «provocation à la haine, [d’]opération de déstabilisation ou [d’]ingérence étrangère, les auteurs de ces souillures auront à répondre de leurs actes délictueux», a prévenu la Licra.