Sidérants. Et pourtant, ces propos ont largement été relayés. Dimanche 5 août, les propos du ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, ont provoqué une onde de choc. Classé à l’extrême-droite, le ministre a déclaré que « laisser mourir de faim » les palestiniens pourrait être « justifié et moral ».
« Affamer deux millions de personnes »
C’est lors d’un colloque consacré à la question de l’avenir de la bande de Gaza que le ministre israélien a fait cette déclaration. Alors qu’Israël est en guerre depuis dix mois contre le Hamas, Bezalel Smotrich a déploré ce lundi que « personne dans le monde ne nous laissera affamer deux millions de personnes, bien que peut-être ce soit justifié et moral pour faire libérer les otages » alors qu’environ 39 623 personnes ont été tuées. « On fait entrer de l’aide humanitaire car on n’a pas le choix, nous sommes dans un espace qui exige d’avoir de la légitimité internationale pour mener cette guerre », a-t-il froidement ajouté.
Il ajouté qu’Israël doit reprendre un contrôle total sur les entrées dans la bande de Gaza, en déclarant qu’il est en désaccord avec l’armée et le ministre de la Défense Yoav Gallant à ce sujet. Il ajoute qu’il « ne sait pas si le Premier ministre n’en a pas la volonté ou n’en est pas capable ». Selon lui, le détournement de l’aide par le Hamas est le « principal facteur » prolongeant le conflit.
L’Union européenne condamne « fermement »
Les déclarations du ministre ont provoqué un mouvement d’indignation nette au sein de la communauté internationale. « L’Union européenne condamne fermement » ces propos, a-t-elle indiqué dans un communiqué ce mercredi. « La déclaration du ministre Smotrich selon laquelle ‘il pourrait être justifié et moral’ de laisser Israël ‘faire mourir de faim deux millions de civils’ jusqu’à ce que les ‘otages soient rendus’ est plus qu’ignominieuse », ajoute l’UE. « Nous attendons du gouvernement israélien qu’il prenne sans équivoque ses distances avec les propos du ministre Smotrich », a-t-elle encore poursuivi.
De son côté, le chef de la diplomatie britannique, David Lammy a estimé qu’il « ne peut y avoir aucune justification pour les propos du ministre ». La France, s’est dit consternée « face aux propos scandaleux » tenus par Bezalel Smotrich. « La France appelle le gouvernement israélien à condamner fermement ces propos inacceptables » a abondé le ministère français des Affaires étrangères.
Réactions politiques
De nombreuses personnalités politiques ont réagi à ces propos polémiques. « Des racistes. Des suprémacistes religieux. Des intégristes violents. Tout projet théocratique déshumanise l’autre, ici les Palestiniens et leurs souffrances. Abjects et criminels propos de l’un des représentants de l’extrême droite israélienne soutien de Netanyahou. À vomir », a dénoncé Jérôme Guedj, le député socialiste de l’Essonne. Manuel Bompard, coordinateur national de LFI, a de son côté demandé « qui peut encore nier l’intention génocidaire du gouvernement d’extrême-droite israélien ? ».
« On a du mal à qualifier ce type de “prise de position”. Ce sont des propos criminels, tout simplement criminels. L’extrême droite israélienne pousse la situation vers l’abîme », a renchéri l’ancien ministre de la Santé Aurélien Rousseau. Pour l’heure, ni les Républicains, ni le Rassemblement national n’ont réagi.