La réouverture tant attendue de la cathédrale Notre-Dame de Paris, prévue pour le 8 décembre 2024, fait déjà couler beaucoup d’encre. Alors que l’édifice, ravagé par un incendie en 2019, accueillera de nouveau le public après plus de cinq ans de travaux, la proposition de la ministre de la Culture, Rachida Dati, de rendre payant l’accès pour les touristes fait débat. L’idée, qui s’inscrit dans un « grand plan de sauvegarde du patrimoine religieux », vise à imposer un droit d’entrée de 5 euros pour les visiteurs non pratiquants, avec pour objectif de récolter 75 millions d’euros par an.
Cette somme servirait à financer la préservation d’autres édifices religieux en France, comme l’a expliqué la ministre dans une interview au Figaro. « Ainsi, Notre-Dame de Paris sauverait toutes les églises de Paris et de France », a-t-elle justifié. Ce ticket payant ne s’appliquerait pas aux fidèles assistant aux messes ou aux offices religieux. Cependant, cette mesure, déjà adoptée dans d’autres pays européens, suscite de vives réactions, en particulier de la part des défenseurs du patrimoine et des personnalités politiques.
Soutien politique et opposition farouche
La proposition de Rachida Dati a trouvé du soutien du côté des Républicains, notamment avec Valérie Pécresse et Jean-François Copé. Tous deux voient dans cette mesure un moyen de financer durablement la restauration du patrimoine religieux. « Il s’agit de montrer que cette contribution va directement à la rénovation de nos monuments », a insisté Jean-François Copé sur RTL. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a également appuyé cette idée, rappelant que plusieurs milliers d’édifices religieux en France nécessitent des rénovations urgentes. Cependant, cette mesure ne fait pas l’unanimité. Le diocèse de Paris a exprimé son désaccord, soulignant que la gratuité de l’accès aux lieux de culte est un principe fondamental inscrit dans la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État. Selon le diocèse, faire payer l’entrée des touristes pourrait dénaturer le caractère sacré de la cathédrale. Le sénateur communiste de Paris, Ian Brossat, a lui aussi fustigé cette proposition, ironisant : « Heureusement qu’elle n’est pas ministre de l’environnement, sinon elle ferait payer l’air que vous respirez ».
L’opposition à cette mesure n’est pas seulement d’ordre juridique. Pour Alexandre Gady, historien du patrimoine, rendre l’accès payant serait un affront à la démocratisation culturelle prônée par le ministère de la Culture. Il a estimé que cette démarche risquait de transformer Notre-Dame en un simple « musée », loin de son rôle initial d’espace spirituel et de recueillement.
Un débat encore loin d'être clos
Si la proposition de rendre l’entrée payante pour les touristes de Notre-Dame suscite des soutiens, elle divise profondément la classe politique et les spécialistes du patrimoine. Les défenseurs de cette mesure insistent sur l’urgence de financer la restauration des églises en France, tandis que les opposants s’inquiètent d’une marchandisation des lieux de culte, qui pourrait éloigner Notre-Dame de son rôle spirituel et historique. Alors que la cathédrale s’apprête à rouvrir ses portes en décembre, le débat autour de cette question semble loin d’être résolu. Reste à voir si l’accès payant pour les touristes sera adopté ou si la gratuité historique de ce monument sera maintenue.