Lors d’une conférence à Saint-Raphaël, l’ancien président Nicolas Sarkozy a déclenché une vive polémique en qualifiant le métier d’enseignant de « 24 heures par semaine » et de « six mois de l’année », provoquant une avalanche de critiques, notamment à gauche et dans les syndicats de l’éducation.
Des propos qui passent mal auprès des enseignants
Lors de cet événement, retransmis par BFM2, Nicolas Sarkozy a tenu des propos sarcastiques concernant la profession d’enseignant, estimant que le statut de professeur des écoles n’est « que 24 heures par semaine et six mois de l’année » et que la France ne pouvait se permettre de maintenir « un million d’enseignants ». Les réactions ne se sont pas fait attendre. Guislaine David, cosecrétaire générale et porte-parole du SNUipp-FSU, le principal syndicat du primaire, a dénoncé un « prof-bashing insupportable » : « C’est une déclaration pleine de mépris pour les enseignants, qui traduit une déconnexion de la réalité du terrain ». Les propos de l’ancien chef d’État ont également indigné les enseignants eux-mêmes. Le collectif Les Stylos Rouges a réagi avec véhémence : « Monsieur Sarkozy, les professeurs des écoles vous emmerdent, ainsi que les 800 000 enseignants de France ».
Une classe politique divisée face à des paroles jugées « consternantes »
La classe politique a rapidement réagi, et les réactions sont principalement venues de la gauche. Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a critiqué le « mépris » de Sarkozy pour la profession. « Voilà ce que la droite pense des fonctionnaires. Il faut écouter ce mépris pour les professeurs des écoles ! Et oser dire qu’il y a trop d’enseignants quand nos enfants sont souvent bien trop nombreux par classe », a-t-il déclaré. Dans le même esprit, le sénateur communiste Ian Brossat a proposé de mettre Nicolas Sarkozy « devant une classe » pour lui faire mesurer la réalité du métier, tandis que le député Modem Laurent Croizier a dénoncé la « méconnaissance abyssale » des propos de l’ancien président. Le député LFI Carlos Martens Bilongo a quant à lui ajouté un commentaire acerbe en allusion aux affaires judiciaires de l’ex-président : « Déjà qu’il est en liberté et en plus il nous insulte ».
Les critiques adressées à Sarkozy s’inscrivent dans un contexte déjà marqué par des débats animés autour des conditions de travail des enseignants et du système éducatif en France. Pour Guislaine David, les propos de Sarkozy sont symptomatiques d’un « décalage terrible entre le pouvoir et le terrain ». Elle regrette le silence de la ministre de l’Éducation, Anne Genetet, sur cette affaire, et souligne que de telles déclarations nourrissent un sentiment de dévalorisation dans une profession déjà éprouvée. Pour les représentants syndicaux et les élus locaux, cette sortie de Nicolas Sarkozy risque de ternir encore davantage l’image des enseignants. Guislaine David conclut : « Au lieu de dénigrer, il faut renforcer les moyens donnés à l’Éducation nationale, car ce sont nos enfants qui en pâtissent ». Le climat de tension entre le monde politique et l’Éducation nationale ne semble donc pas prêt de s’apaiser.