Avec plus de 18 000 décès par an dans l’Hexagone, la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) s’impose comme une maladie respiratoire grave, souvent sous-diagnostiquée et mal comprise.
Une maladie sous-diagnostiquée et invalidante
La BPCO est une maladie respiratoire chronique, souvent liée au tabagisme mais aussi aux polluants environnementaux et industriels. « Elle se caractérise par une obstruction progressive des bronches, mesurée grâce à un test spécifique, l’épreuve fonctionnelle respiratoire », explique le Pr Romain Kessler, pneumologue au CHU de Strasbourg. Insidieuse, cette pathologie progresse lentement, avec des symptômes initiaux banals tels que toux, crachats et essoufflement. Ces signes, souvent négligés, retardent le diagnostic, si bien que deux tiers des patients ignorent leur maladie.
Pourtant, lorsque la maladie s’aggrave, ses conséquences deviennent invalidantes. Les patients peinent à monter des escaliers, à parler ou même à effectuer des gestes simples du quotidien. Les exacerbations, épisodes de détérioration rapide de l’état respiratoire, peuvent nécessiter une hospitalisation et accroissent considérablement les risques de complications. Une prise en charge précoce est donc essentielle pour prévenir l’évolution de la maladie et en limiter les impacts.
Des effets sur le cœur et des chiffres alarmants
Si la BPCO est avant tout une maladie respiratoire, ses répercussions dépassent largement les poumons. Deux patients sur trois souffrent également d’une pathologie cardiovasculaire, et 50 % des décès liés à la BPCO sont dus à des complications cardiaques. « Le lien entre le cœur et les poumons est indissociable », insiste le Pr Kessler. « L’inflammation chronique induite par la BPCO peut provoquer des troubles comme l’athérosclérose ou l’hypertension pulmonaire, mettant à rude épreuve le système cardiovasculaire. »
Les chiffres sont préoccupants : 100 000 hospitalisations annuelles en France, et selon l’OMS, la BPCO est désormais la troisième cause de décès dans le monde. Malgré ces données, la sensibilisation reste insuffisante. Jean-Paul Vasseur, vice-président de la Fédération Française des Associations et Amicales de malades, Insuffisants ou Handicapés Respiratoires (FFAAIR), alerte : « Les patients doivent être informés sur le lien crucial entre la santé pulmonaire et cardiovasculaire. Une meilleure éducation peut sauver des vies. »
Une prévention essentielle et des soutiens à disposition
Face à cette pathologie, la prévention reste un levier majeur. Le sevrage tabagique, la réduction de l’exposition aux polluants et une activité physique adaptée sont autant de moyens pour ralentir la progression de la maladie. Les patients diagnostiqués doivent également bénéficier d’un suivi régulier, avec une attention particulière aux exacerbations. Pour accompagner les malades et leurs familles, la FFAAIR joue un rôle crucial en proposant un soutien personnalisé à travers un réseau de 51 associations locales en France. Ces structures mettent en avant des initiatives comme les programmes d’exercices adaptés, essentiels pour améliorer la qualité de vie des insuffisants respiratoires.
La BPCO en quelques chiffres
- 3,5 millions de personnes touchées en France.
- 18 000 décès annuels, faisant de la BPCO une maladie plus meurtrière que certains cancers.
- Deux tiers des malades ignorent leur état.
- Chaque année, la maladie engendre 100 000 hospitalisations.