Deux adolescents sont désormais incarcérés pour assassinat, tandis que d’autres ont été mis en examen pour participer à un attroupement en vue de commettre des violences.
Le 17 décembre, au petit matin, Abass se rendait à son établissement scolaire dans le Val-de-Marne lorsqu’une altercation a éclaté près du lycée Rodin. Gravement blessé à la tête, il a été transporté à l’hôpital où il a succombé à ses blessures. Originaire d’Ivry-sur-Seine, Abass était scolarisé dans un lycée professionnel à Alfortville. Quelques jours avant ce drame, le jeune homme avait déjà été victime d’un coup de couteau près du lycée René Cassin, dans le 16e arrondissement. Une enquête est en cours pour déterminer les circonstances exactes de cet événement.
Les tensions entre quartiers semblent être à l’origine de ces violences. D’après les enquêteurs, cette rixe découle d’une rivalité entre deux quartiers, Glacière et Amiral Mouchez, un phénomène tristement courant dans certains secteurs de Paris. Entre mai 2024 et aujourd’hui, huit rixes ont été recensées dans le 13e arrondissement, reflétant une escalade préoccupante des affrontements entre jeunes.
Une enquête complexe et des arrestations en série
Depuis la mort d’Abass, les enquêtes menées par la police parisienne ont conduit à l’incarcération de deux adolescents pour assassinat. Le dernier suspect, scolarisé au lycée Rodin, est soupçonné d’avoir porté le coup fatal. Par ailleurs, cinq autres mineurs, tous nés en 2008 ou 2009, ont été mis en examen pour participation à un attroupement violent et placés sous contrôle judiciaire. Les autorités ont également pointé du doigt l’augmentation des violences de bandes en Île-de-France, avec 413 faits recensés en 2023 contre 375 l’année précédente. La préfecture de police rapporte quatre décès liés à ces affrontements en 2023, un chiffre en constante progression. Ces données rappellent l’urgence de trouver des solutions pour endiguer ce phénomène.
Un hommage chargé d'émotion et une marche pour la mémoire
Samedi 21 décembre, au Stade de la Tour-à-Parachutes, dans le 13e arrondissement de Paris, une centaine de personnes se sont réunies pour honorer la mémoire d’Abass. Organisé par l’Entente Sportive Paris 13, le club de football où il jouait, cet hommage a rassemblé amis, proches, coéquipiers, et habitants du quartier. Certains ne connaissaient pas Abass personnellement, mais se sont sentis touchés par ce drame. Les messages dans le cahier de condoléances témoignent de l’amour et du respect portés à Abass : « On t’aime. Que ton âme repose en paix. » Koumba, une amie, a exprimé le sentiment partagé par beaucoup : « C’est un mot pour Abass, mais aussi pour sa famille, pour soutenir ses proches. »
La marche blanche prévue le 29 décembre à Évry-sur-Seine sera l’occasion de continuer cet élan de solidarité. Une manière de dénoncer les violences et de plaider pour des actions concrètes pour protéger les jeunes.
Une jeunesse prise au piège des rivalités
Le meurtre d’Abass n’est pas un cas isolé. Derrière ce drame se cache une réalité complexe : des tensions souvent futiles entre quartiers qui dégénèrent en violences mortelles. L’hommage rendu à Abass ne doit pas occulter les questions de fond : comment protéger les jeunes de ces rivalités ? Quels dispositifs mettre en place pour désamorcer ces conflits et redonner un avenir à cette jeunesse ? Alors que la famille d’Abass pleure un fils, un frère, un ami, ce drame doit rappeler l’urgence de construire un environnement où la violence n’est plus une option. Pour Abass, et pour tous les autres.