Le 2 avril dernier, à 6 heures du matin, les policiers du RAID ont interpellé un jeune homme de 19 ans dans son foyer pour jeunes adultes à Dunkerque. Cette arrestation a été précipitée par un signalement : une personne de son entourage avait alerté les autorités, craignant un passage à l’acte violent.
Le principal suspect, inconnu du Fichier pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT), était cependant connu du renseignement territorial pour des menaces passées contre Mila, la jeune militante laïque. Sa situation personnelle était fragile : élevé par une mère absente et un père inexistant, il avait trouvé refuge dans les contenus de propagande djihadiste en ligne. Deux autres jeunes hommes, proches du principal suspect, ont été également arrêtés. L’un est soupçonné de lui avoir fourni une arme factice et a été mis en examen pour participation à une association de malfaiteurs terroriste. Le troisième, mis en cause pour non-dénonciation d’un crime terroriste, a été placé sous contrôle judiciaire.
Un projet d'attentat suicide soigneusement préparé
Lors de la perquisition à son domicile, les policiers ont découvert des éléments inquiétants : une lettre d’allégeance à l’État islamique, des tutoriels pour fabriquer du TATP (un explosif puissant utilisé notamment lors des attentats du 13 novembre 2015), ainsi qu’un gilet d’explosifs artisanal, composé de pétards.
Selon les enquêteurs, plusieurs cibles étaient envisagées. Parmi elles, un foyer pour jeunes ainsi que des lieux fréquentés par la communauté juive. Grand consommateur de contenus djihadistes sur Telegram et Snapchat, le suspect appelait sur ses réseaux sociaux à commettre des attaques, faisant référence aux attentats du Bataclan et de l’Opéra à Paris. En garde à vue, le jeune homme a reconnu avoir conçu un projet d’action violente, tout en affirmant l’avoir « abandonné » depuis. Pourtant, la veille de son arrestation, il était toujours actif en ligne, appelant au djihad et cherchant à recruter.
La justice antiterroriste mobilisée
Face à la gravité des éléments retrouvés, le parquet national anti terroriste (PNAT) a ouvert une information judiciaire pour « participation à une association de malfaiteurs terroriste en vue de la préparation d’un crime » et « détention d’éléments destinés à composer un engin explosif ». Le principal suspect et l’un de ses complices ont été placés en détention provisoire. L’avocat de l’un des mis en cause, Me Réda Ghilaci, a contesté la nature terroriste des poursuites : « Mon client n’est pas radicalisé et n’épouse aucune thèse djihadiste », a-t-il déclaré à RTL, dénonçant une « infraction qui manque de rigueur juridique ».
Les investigations se poursuivent pour déterminer l’étendue exacte du projet et les responsabilités de chacun. Ce nouveau coup de filet illustre, une fois encore, la menace persistante du terrorisme islamiste en France, et l’importance des signalements pour prévenir de potentielles tragédies.