C’est lors d’un entretien diffusé sur la plateforme X (ex-Twitter) de l’animateur américain Tucker Carlson que le président iranien Massoud Pezeshkian a lancé cette accusation : Israël aurait tenté de l’assassiner. Selon ses propos traduits par un interprète, une réunion à laquelle il participait aurait été ciblée par un bombardement, que l’Iran attribue à l’État hébreu. « Ils ont essayé, ils ont échoué », a-t-il résumé, sans toutefois préciser ni la date exacte, ni les circonstances détaillées de cette attaque.
Aucune confirmation indépendante n’a pour l’instant été fournie, ni par les autorités israéliennes, ni par des organismes internationaux. Ce type de déclaration n’est pas sans rappeler les tensions historiques entre les deux pays, et plus récemment les opérations secrètes menées dans le cadre de leur guerre de l’ombre sur les fronts syrien, irakien ou nucléaire.
Un président modéré dans un climat explosif
Élu à la tête de la République islamique en juin 2025, Massoud Pezeshkian incarne une figure plus modérée que son prédécesseur Ebrahim Raïssi, mort dans un accident d’hélicoptère en mai. Médecin de formation, réformateur, il est perçu comme une personnalité plus ouverte au dialogue avec l’Occident, bien qu’encadrée par les Gardiens de la Révolution et l’Ayatollah Khamenei. Ses accusations arrivent dans un contexte de fortes tensions régionales. Après une guerre de 12 jours entre Israël et l’Iran en juin, plusieurs sites stratégiques iraniens – notamment des infrastructures nucléaires – ont été visés par des frappes revendiquées par Washington et attribuées à Tel-Aviv. Dans ce climat de défiance, toute tentative d’assassinat présumée contre un chef d’État ravive le spectre d’une escalade militaire.
Fait notable : malgré cette situation tendue, Pezeshkian a affirmé qu’il n’était « pas opposé » à une reprise des pourparlers avec Washington. Lors de l’interview, il a déclaré ne voir « aucun problème à reprendre les négociations », tout en mettant en doute la fiabilité des États-Unis, après les bombardements subis en juin. « Comment pourrions-nous leur faire à nouveau confiance ? », s’est-il interrogé. L’Iran et les États-Unis avaient interrompu les discussions sur le nucléaire en 2022. Depuis, le programme iranien s’est accéléré, tandis que les relations diplomatiques sont gelées. La présidence de Donald Trump, revenu au pouvoir en janvier 2025, n’a pas encore infléchi la ligne dure adoptée sous son précédent mandat.

Israël reste silencieux, l’ombre du Mossad en toile de fond
Comme souvent, les autorités israéliennes ne commentent pas ce type d’accusation. Toutefois, Israël est régulièrement soupçonné d’opérations clandestines visant les intérêts stratégiques ou scientifiques de l’Iran, via le Mossad. Plusieurs assassinats ciblés de scientifiques nucléaires ou d’officiers iraniens ont été imputés à l’État hébreu ces dernières années. Cette nouvelle allégation d’attentat s’inscrit donc dans un registre désormais familier, mais inédit à ce niveau symbolique : la cible serait cette fois le chef de l’État lui-même. Une hypothèse qui, si elle était avérée, constituerait une rupture majeure dans la doctrine israélienne de dissuasion ciblée.
En exposant cette tentative d’assassinat présumée dans un entretien avec un animateur très proche des cercles trumpistes, Pezeshkian semble envoyer un message double : il affirme sa posture sécuritaire face à Israël, tout en tendant la main à Washington pour desserrer l’étau diplomatique autour de Téhéran. Reste à savoir si ces gestes seront suivis d’effets dans un contexte où la guerre à Gaza continue, les tensions maritimes se multiplient (comme en mer Rouge avec les Houthis) et la région est au bord de l’embrasement généralisé.