Depuis plusieurs années, le sucre est devenu l’ennemi public numéro un des régimes alimentaires. Pour y échapper, les consommateurs se tournent vers des alternatives dites plus “saines”, comme les produits allégés, sans sucre ajouté ou affichant la mention “light”. Derrière ces promesses, un ingrédient a su s’imposer : l’érythritol.
Naturellement présent en petites quantités dans certains fruits (raisin, poire, melon) et aliments fermentés, cet édulcorant est aujourd’hui massivement utilisé dans les produits transformés. Son profil séduit : zéro calorie, pas d’effet sur la glycémie, goût proche du sucre. Il est même autorisé dans les produits destinés aux personnes diabétiques. Mais ce qui semble être un ingrédient miracle pourrait bien cacher un effet secondaire insoupçonné. Car même s’il est d’origine naturelle, l’érythritol ajouté dans les aliments industriels devient un additif, utilisé à des doses bien supérieures à celles présentes à l’état naturel. Et c’est là que le bât blesse.
Une étude choc : un simple soda allégé suffirait à altérer les cellules du cerveau
C’est une équipe de chercheurs de l’Université du Colorado à Boulder qui tire la sonnette d’alarme. Dans une étude publiée dans le Journal of Applied Physiology, ils se sont intéressés aux effets de l’érythritol sur les cellules du cerveau responsables de la régulation du flux sanguin, de la prévention des caillots et du contrôle de l’inflammation.Les résultats sont sans appel : même une courte exposition de trois heures à une faible quantité d’érythritol (équivalente à celle d’un soda light) a suffi pour perturber le fonctionnement de ces cellules.
Elles ont été submergées par des radicaux libres – responsables du stress oxydatif – et ont vu leur production d’oxyde nitrique chuter de près de 20 %. Or, l’oxyde nitrique est essentiel à la dilatation des vaisseaux sanguins. S’il est produit en moindre quantité, les artères se contractent, la circulation devient plus difficile et le risque d’accident vasculaire cérébral (AVC) augmente. Le lien entre l’érythritol et les troubles cardiovasculaires n’est donc plus une hypothèse : il s’ancre dans un mécanisme biologique désormais documenté.
Une inquiétude croissante face aux édulcorants non nutritifs
Ce n’est pas la première fois que les édulcorants dits “non nutritifs” sont pointés du doigt. Plusieurs études récentes ont mis en lumière leur impact sur le microbiote intestinal, leur capacité à stimuler l’appétit ou leur association avec des risques métaboliques. Mais cette nouvelle recherche cible un danger plus direct : celui qui concerne le cœur et le cerveau, même sans consommation excessive. Autrement dit, une personne qui boit une ou deux canettes de soda allégé par jour pourrait déjà s’exposer à un stress vasculaire chronique, surtout si ce geste s’inscrit dans la durée.
Les auteurs de l’étude appellent à une prise de conscience collective, tant du côté des consommateurs que des industriels et des autorités sanitaires. Car l’érythritol est souvent perçu comme une option “naturelle” ou “inoffensive”, alors qu’il pourrait être le cheval de Troie d’une nouvelle épidémie cardiovasculaire silencieuse.

Ce que vous pouvez faire dès maintenant
✔️ Lire les étiquettes : L’érythritol peut apparaître sous son nom ou sous le code E968. Il est présent dans les chewing-gums, les yaourts, les boissons “zéro”, les glaces, les desserts “keto”, etc.
✔️ Limiter les produits ultra-transformés, même ceux qui se veulent “sains” ou “sans sucre”.
✔️ Privilégier des sources naturelles de douceur : fruits frais, compotes sans sucre ajouté, dattes en petite quantité, sirop d’agave modérément…
✔️ Ne pas tomber dans le piège du “light = bon pour la santé” : ce raccourci marketing est souvent trompeur.
Face à la montée des preuves scientifiques, il est probable que l’érythritol devienne la prochaine cible des autorités sanitaires. En 2023 déjà, l’OMS avait émis une recommandation de prudence sur les édulcorants artificiels, appelant à ne pas les utiliser pour contrôler le poids.Si les données sur l’érythritol s’accumulent, une révision de son statut réglementaire pourrait être envisagée. À l’instar de l’aspartame ou du sucralose, cet ingrédient “miracle” pourrait bien perdre son image de produit sain pour entrer dans la liste des additifs à risque à surveiller de près.