Pour la première fois depuis plus d’un an, l’ensemble des syndicats appellent à une journée de grève et de manifestations jeudi 18 septembre.
Plus de 250 rassemblements sont prévus à travers le pays pour dénoncer les mesures d’austérité contenues dans le budget présenté cet été par François Bayrou, et que son successeur Sébastien Lecornu n’a pas encore écartées.
Une mobilisation intersyndicale inédite depuis 2023
La rentrée sociale s’annonce tendue. Jeudi 18 septembre, les Français vont retrouver une image qui avait disparu depuis plus d’un an : celle d’un front syndical uni. De la CFDT à la CGT, en passant par FO, la CFE-CGC, la FSU ou encore Solidaires, toutes les centrales ont signé l’appel à une journée de grève interprofessionnelle. Les syndicats dénoncent les mesures budgétaires présentées en juillet par l’ancien Premier ministre François Bayrou. Parmi elles : la suppression de deux jours fériés, le gel de certaines prestations sociales et la réduction de 3 000 postes de fonctionnaires d’ici 2026.
Des décisions qualifiées de « brutales » par les organisations, qui estiment qu’elles font « payer encore une fois les travailleuses et les travailleurs, les précaires, les retraités et les malades ». Malgré la chute du gouvernement Bayrou début septembre, son successeur à Matignon, Sébastien Lecornu, n’a pas officiellement renoncé à ces orientations. D’où la volonté des syndicats de maintenir la pression dans la rue.
Des perturbations massives attendues dans les écoles et les transports
Les effets de cette mobilisation devraient se faire sentir dans tous les secteurs. Dans l’Éducation nationale, plusieurs syndicats d’enseignants prévoient une participation massive. Des milliers de classes devraient être fermées, en particulier dans le primaire, où les enseignants dénoncent déjà des suppressions de postes et des conditions de travail dégradées. Les transports publics seront également fortement touchés. La RATP et la SNCF annoncent des perturbations importantes, avec des trains et métros annulés. Dans certaines grandes villes, le trafic de bus et de tramways pourrait être réduit de moitié. Le secteur aérien n’est pas épargné : les contrôleurs aériens ont également déposé un préavis, ce qui pourrait entraîner des retards et annulations de vols. Les hôpitaux, les services publics locaux et la fonction publique territoriale devraient aussi rejoindre le mouvement, compliquant l’accès aux administrations et aux services sociaux.
La journée du 18 septembre s’annonce comme un test politique majeur pour le nouveau Premier ministre. À peine nommé à Matignon après l’échec de François Bayrou à obtenir la confiance de l’Assemblée, Sébastien Lecornu doit affronter un mouvement social qui réunit, pour la première fois depuis 2023, toutes les grandes centrales syndicales.
Le gouvernement a déjà tenté d’amortir la contestation en rappelant que le budget 2025 n’était pas encore finalisé. Mais pour les syndicats, les grandes lignes tracées par François Bayrou laissent peu de doutes. « Lecornu veut nous faire croire que tout est encore ouvert, mais les coupes sont bien là », dénonce un responsable de la CGT. L’opposition, de gauche comme d’extrême droite, appelle également à rejoindre les cortèges. Jean-Luc Mélenchon a qualifié cette journée de « premier rendez-vous majeur de la rentrée sociale », tandis que Marine Le Pen y voit « la preuve que l’austérité de Macron et de ses Premiers ministres est rejetée par le peuple ».
Une rentrée sociale explosive
Avec plus de 250 manifestations déclarées, la mobilisation du 18 septembre pourrait marquer un tournant dans la rentrée sociale. Les syndicats espèrent rééditer l’élan massif des manifestations contre la réforme des retraites en 2023, qui avaient rassemblé plusieurs millions de personnes. Le gouvernement, de son côté, craint que cette contestation se transforme en mouvement de longue durée, notamment si elle se mêle aux autres colères sociales, comme la crise du logement ou les revendications salariales.
Une chose est sûre : le 18 septembre ne sera pas une journée ordinaire. Écoles fermées, trains annulés, services publics paralysés… La France s’apprête à vivre une grève d’ampleur nationale qui pourrait donner le ton de tout l’automne.