À trois jours des commémorations du 13-Novembre, l’enquête ouverte autour d’une clé USB retrouvée sur l’ordinateur de Salah Abdeslam prend une tournure plus grave.
L’affaire autour de la clé USB découverte sur l’ordinateur de Salah Abdeslam, unique survivant du commando des attentats du 13 novembre 2015, connaît un nouveau rebondissement. Le Parquet national antiterroriste (Pnat) a annoncé, samedi 8 novembre, la requalification de l’enquête du chef d’« association de malfaiteurs terroriste en vue de la préparation d’un crime contre les personnes ».
Initialement ouverte le 17 janvier 2025 pour « détention illicite d’un objet en détention », l’affaire a pris une dimension plus inquiétante après la découverte d’éléments de propagande djihadiste dans les fichiers contenus sur l’ordinateur utilisé par le détenu à la prison de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais). Selon une source proche du dossier citée par Le Point, les enquêteurs disposent désormais d’éléments laissant penser qu’un projet d’attentat pourrait être imminent.
Une clé USB aux contenus suspects
Tout a commencé il y a dix mois, lorsqu’un contrôle de routine dans la cellule de Salah Abdeslam a révélé des traces de connexion à un support externe sur l’ordinateur qu’il utilise légalement pour suivre des cours par correspondance. L’appareil, non connecté à Internet, a néanmoins gardé la trace de fichiers contenant des documents de propagande djihadiste, dont une vidéo issue du canal « 19HH », animé par Omar Omsen, un recruteur français de combattants en Syrie. Aucun support physique n’a été retrouvé dans la cellule du détenu, mais l’origine des fichiers intrigue les enquêteurs. Très vite, une piste se dessine : celle de sa compagne présumée, Maëva B., âgée de 27 ans, soupçonnée d’avoir transmis à Salah Abdeslam plusieurs supports, dont la clé USB.
Maëva B. a été placée en garde à vue prolongée, une mesure exceptionnelle, permise uniquement « s’il existe un risque sérieux d’imminence d’une action terroriste ».
Deux autres personnes ont également été interpellées et sont actuellement entendues pour association de malfaiteurs terroriste criminelle, selon le Pnat. Salah Abdeslam, lui, a été placé en garde à vue à deux reprises, les 4 et 7 novembre, avant d’être relâché le jour même. Pour l’heure, rien ne prouve qu’il ait eu connaissance d’un éventuel projet d’attentat. « Les investigations doivent maintenant déterminer la matérialité de ce projet, les cibles potentielles et la période envisagée, notamment à l’approche des commémorations du 13-Novembre », indique une source proche de l’enquête.
« Salah Abdeslam n’est pas mis en cause dans un projet d’attentat »
Interrogée ce lundi 10 novembre sur RTL, la directrice générale de la Sécurité intérieure, Céline Berthon, a tenu à tempérer les soupçons : « Salah Abdeslam est un individu qui demeure radicalisé, convaincu de l’idéologie mortifère qu’il a suivie pendant des années. Mais dans les faits qui lui sont reprochés, il n’est pas mis en cause dans un projet d’attentat. » La patronne de la DGSI a ajouté que les investigations portaient surtout sur les personnes de son entourage, notamment sa compagne présumée, « qui fait l’objet d’investigations approfondies ». Le ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez a lui aussi appelé à la prudence. Invité du Grand Jury RTL-Le Figaro-Public Sénat, il a déclaré : « Je n’irais pas jusque-là. Salah Abdeslam n’est évidemment plus en possession ni de son ordinateur, ni de cette clé. »
Cette affaire survient à trois jours des cérémonies marquant les dix ans des attentats du 13 novembre 2015, qui avaient fait 130 morts à Paris et à Saint-Denis. Des hommages sont prévus jeudi à Paris et en Seine-Saint-Denis. Dans un télégramme adressé aux préfets, que Le Point a pu consulter, Laurent Nuñez appelle à un renforcement des dispositifs de sécurité. « Les salles de concert et les manifestations festives d’ampleur devront faire l’objet d’une attention particulière des forces de sécurité intérieure et de la force Sentinelle », précise le ministre. Pour Céline Berthon, la menace terroriste « existe encore » : « Il est important de maintenir une posture de vigilance, même s’il ne faut pas avoir peur », a-t-elle souligné.
