Dix jours après l’assassinat de Mehdi Kessaci, frère du militant écologiste Amine Kessaci, Emmanuel Macron a convoqué ce mardi 18 novembre une réunion de crise à l’Élysée. Objectif : accélérer la mise en œuvre de la loi contre le narcotrafic, alors que Marseille est de nouveau frappée par la violence des gangs.
La mort de Mehdi Kessaci, 22 ans, tué par balles à Marseille le 13 novembre, a provoqué un électrochoc jusqu’au sommet de l’État. Mardi 18 novembre, Emmanuel Macron a réuni à l’Élysée le Premier ministre Sébastien Lecornu et plusieurs membres du gouvernement pour une séance de travail consacrée à la lutte contre le narcotrafic, un fléau qui endeuille régulièrement la cité phocéenne.
Autour de la table : Gérald Darmanin (Justice), Laurent Nuñez (Intérieur), Jean-Noël Barrot (Affaires étrangères), Amélie de Montchalin (Comptes publics), le procureur de Marseille Nicolas Bessone, ainsi que les directeurs de la police nationale et de la police judiciaire. La préfète de police déléguée des Bouches-du-Rhône, Corinne Simon, a participé en visioconférence depuis Marseille, en raison du dispositif de sécurité mis en place pour les obsèques du jeune homme. « Un point à l’ordre du jour sera spécifiquement consacré à la situation à Marseille », a précisé l’Élysée.
La loi « narcotrafic » au cœur des discussions
Promulguée en juin 2025, la loi dite « narcotrafic » doit franchir une nouvelle étape dans sa mise en œuvre. Emmanuel Macron veut accélérer sa « montée en puissance », selon la présidence. Cette réforme prévoit notamment la création du Parquet national anticriminalité organisée (Pnaco), inspiré du Parquet national antiterroriste. Officiellement opérationnel le 1er janvier 2026, ce nouveau parquet sera chargé des dossiers les plus lourds liés au crime organisé. La magistrate Vanessa Perrée, proposée par Gérald Darmanin pour en prendre la direction, était présente à la réunion.
La loi introduit également de nouvelles mesures :
- un renforcement des outils d’investigation pour les services spécialisés ;
- la création de quartiers de haute sécurité dans les prisons pour isoler les trafiquants les plus dangereux ;
- et une meilleure coordination entre police, justice et douanes.
Un drame qui ébranle Marseille
Le meurtre de Mehdi Kessaci, frère du militant écologiste Amine Kessaci, figure du collectif marseillais « Conscience », a profondément choqué l’opinion. Le procureur Nicolas Bessone n’a pas exclu la piste d’un « assassinat d’avertissement ». Selon une source proche du dossier, Emmanuel Macron a lui-même appelé Amine Kessaci pour lui présenter ses condoléances. La famille a demandé que les obsèques, organisées ce mardi après-midi à Marseille, se tiennent dans l’intimité. Une marche blanche est prévue ce week-end.
Vendredi 14 novembre, Gérald Darmanin a réagi avec gravité : « Le drame survenu à Marseille constitue un point de bascule effrayant qui doit faire prendre conscience du danger de cette mafia du narcobanditisme à l’ensemble de la société française », a déclaré le ministre de la Justice. Laurent Nuñez a de son côté reconnu « un climat de peur et de paralysie » dans certains quartiers, promettant de renforcer la présence policière et d’accélérer les enquêtes liées aux règlements de comptes. Alors que la situation marseillaise focalise l’attention, d’autres territoires sont touchés. À Grenoble, un adolescent de 15 ans a été grièvement blessé par balles dans la nuit de samedi à dimanche, près d’un point de deal. Le jeune homme, connu pour trafic de stupéfiants, est toujours entre la vie et la mort. Ses agresseurs sont en fuite.
Emmanuel Macron suit de près la lutte contre le narcotrafic. Il s’était déjà rendu en mai dernier à l’état-major de lutte contre le crime organisé à Nanterre, réaffirmant sa volonté d’en faire une priorité nationale. Cette réunion d’urgence à l’Élysée s’inscrit dans un climat de forte émotion et de pression politique. À quelques semaines des commémorations des attentats du 13-Novembre et à la veille de nouvelles échéances électorales locales, le chef de l’État veut envoyer un signal clair : la France ne tolérera plus que ses villes soient gangrenées par les réseaux criminels.
