Entre le foie gras, les plats généreux, le fromage et les desserts, beaucoup abordent le 24 et le 25 décembre avec une forme d’angoisse alimentaire. Pourtant, d’un point de vue nutritionnel, la peur de “prendre du gras” en deux jours est largement infondée. Les chiffres, eux, racontent une tout autre histoire.
Combien de calories faut-il réellement pour prendre un kilo de gras ?
C’est le point central que l’on oublie trop souvent. Pour stocker un kilo de masse grasse, l’organisme doit accumuler environ 7 700 calories en excédent, c’est-à-dire au-delà de ses besoins énergétiques habituels. Concrètement, pour une personne dont les besoins journaliers se situent autour de 1 900 à 2 200 calories, cela représente près de 9 000 calories supplémentaires à consommer pour que la prise de gras soit réelle et durable.
Même un repas de Noël très copieux reste loin de ce chiffre. Et même en cumulant le dîner du 24, le déjeuner du 25 et un dessert généreux, atteindre un tel excédent en si peu de temps est extrêmement rare. Autrement dit, manger plus que d’habitude pendant deux jours ne suffit pas à “fabriquer” un kilo de graisse corporelle.
Pourquoi la balance augmente après Noël (sans que ce soit du gras)
Malgré cela, beaucoup constatent une hausse du poids dès le lendemain des fêtes. +1 kg, parfois +2 kg : la réaction est immédiate, souvent accompagnée d’une culpabilité injustifiée. En réalité, ce chiffre ne reflète presque jamais une prise de masse grasse. Cette variation s’explique par plusieurs mécanismes physiologiques normaux. Les repas riches en glucides rechargent les réserves de glycogène, stockées dans les muscles et le foie. Or, chaque gramme de glycogène retient environ trois grammes d’eau. À cela s’ajoutent la rétention hydrique liée au sel des plats festifs et le simple contenu digestif encore présent dans l’organisme. Résultat : le poids augmente temporairement, mais il s’agit essentiellement d’eau et non de graisse. En quelques jours, lorsque l’alimentation redevient habituelle, ce surplus disparaît spontanément.
Si Noël peut parfois avoir un impact négatif sur le poids, ce n’est pas à cause des repas eux-mêmes, mais de ce qui se passe avant et après. La restriction excessive avant les fêtes, suivie d’un sentiment de culpabilité après avoir mangé, crée un cercle contre-productif. Certaines personnes tentent alors de “compenser” en sautant des repas, en se lançant dans des régimes express ou en multipliant les séances de sport. Ce type de comportement favorise davantage les variations de poids à moyen terme que deux repas festifs. Il perturbe aussi la relation à l’alimentation, en instaurant une opposition permanente entre plaisir et contrôle, là où l’équilibre repose avant tout sur la régularité.
Noël, un enjeu social et émotionnel autant que nutritionnel
Réduire Noël à un simple total calorique serait une erreur. Les fêtes sont aussi un moment de partage, de convivialité et de plaisir sensoriel. De nombreuses études montrent que le stress et la culpabilité liés à l’alimentation ont un impact plus négatif sur la santé globale que quelques repas plus riches. L’équilibre alimentaire se construit sur l’année, pas sur deux jours. Ce sont les habitudes répétées sur le long terme qui comptent, pas une parenthèse festive. Il n’y a donc rien à compenser. Reprendre une alimentation normale, s’hydrater correctement et bouger un peu suffit largement. Les régimes restrictifs post-Noël sont inutiles et souvent contre-productifs.
