La rumeur courait depuis un petit moment : la voilà confirmée. Le pass Navigo va drastiquement augmenter et c’est la porte ouverte aux autres augmentations.
Le pass Navigo est au cœur des débats en ce moment. La question est de savoir de combien il va être augmenté. Car si la question était en suspens jusqu’à maintenant, il n’y a plus de place au doute : il va bel et bien augmenter. Reste à savoir de combien exactement. Les prévisions ont été rendues publiques. On ne passera pas la barre des 100 euros par mois, mais on s’y approche, dangereusement. Ce qui provoque la colère des utilisateurs.
Un scénario dans lequel l’abonnement est à 90 euros par mois
75,20 euros. C’est le prix actuel de l’abonnement Navigo qui permet de se déplacer partout en Île-de-France avec une seule carte. Un prix qui est déjà beaucoup critiqué par les Franciliens qui le considèrent comme trop élevé et illégitime. En effet, le métro parisien et le RER ne sont pas toujours très performants. Valérie Pécresse, présidente de la région et d’Île-de-France Mobilités (IDFM) a, de son côté, une tout autre vision des transports en commun. En effet, celle-ci a transmis ce week-end du 25 novembre, aux administrateurs des documents qui doivent être votés le mercredi 7 décembre. Ces documents ne sont autres que la liste des nouveaux tarifs applicables à partir du 1er janvier 2023 aux forfaits de transports en commun franciliens. Un scénario drastique qui fait peur tant l’augmentation prévue est importante. Il est, en effet, prévu que le pass Navigo augmente de 75,20 euros à 90 euros. Une hausse de 20%, ce qui est du jamais-vu jusqu’ici. Le ticket à l’unité lui aussi se voit augmenter, passant de 1,90€ à 2,30€. Le forfait à la semaine est celui-ci qui connaît la plus importante augmentation puisqu’il passe à 22,80€, ce qui constitue une inflation de 36%.
Comment ces importantes hausses sont-elles justifiées ? En partie par les refus de subventions, lorsque les transports ont continué de fonctionner pendant la pandémie. « Les transports publics franciliens ont continué à fonctionner pendant les confinements successifs malgré des pertes financières considérables. L’État a refusé d’accorder des subventions pour combler les pertes d’IDFM en 2020 et 2021, et lui a attribué une avance remboursable de 2 milliards d’euros. Ce soutien laisse IDFM dans une situation financière très tendue depuis la fin de la crise du Covid. Ainsi, les finances d’IDFM sont équilibrées pour 2022, mais elles ne peuvent pas assumer le choc de l’inflation due à la guerre en Ukraine et l’explosion du coût de l’énergie, notamment de l’électricité dont les transports sont les premiers consommateurs, dans un contexte de recettes voyageurs qui restent en berne, avec 85 % de fréquentation du niveau pré-Covid. Pour payer le fonctionnement des transports publics, il manque à IDFM 950 millions d’euros dès 2023, et davantage les années suivantes ». Cependant, ce changement de prix interviendra si et seulement si l’Etat refuse d’augmenter le Versement mobilités des Entreprises. Ce qui semble être encore le cas.
Les Franciliens en colère
Une augmentation du forfait Navigo sans augmentation de la qualité des services ? C’est ce que déplorent les personnes interrogées quant à cette hausse importante des prix. « C’est dégueulasse de nous mettre en otage comme ça, de nous obliger à payer. C’est du vol organisé », « il n’y a pas eu une augmentation de la qualité des services ou quoi que ce soit donc je ne pense pas que ce soit une bonne idée pour les personnes qui n’ont pas les moyens de payer », « je ne suis pas très contente, c’est encore ça de plus, ça commence à faire beaucoup » peut-on notamment entendre au micro de BFMTV. « Pour le pass Navigo, il s’agirait de la plus forte hausse jamais connue depuis la création de la carte Orange en 1975, avec un bond annuel de plus de 150 euros ! Cette hausse proposée de près de 20 % va bien au-delà de l’inflation » s’étrangle Céline Malaisé, présidente du groupe Gauche communiste écologiste et citoyenne.
Et alors d’augmenter le prix de l’accès aux transports en commun, les utilisateurs eux, crient leur désarroi depuis plusieurs mois. Rames bondées, temps d’attente interminable, pannes de métro, bus qui se raréfient… le service se détériore. Le risque en augmentant réellement le prix du forfait Navigo ? Les gens vont se détourner des transports publics puisqu’ils ne pourront tout bonnement plus payer et d’autres vont frauder, faute de mieux. Le risque que cela ne rapporte pas le budget escompté par l’ancienne candidate à la présidentielle est donc prépondérant. En effet, ces hausses sont censées rapporter 522 millions d’euros… Affaire à suivre.