Insultes, couches inchangées, bébés oubliées… le rapport est accablant et alarmant. Commandé il y a neuf mois par l’Inspection générale des affaires sociales, le rapport pointe du doigt un dysfonctionnement important dans les crèches françaises. Et il y a de quoi s’inquiéter. Une situation qui n’est pas sans rappeler celle relevée au grand jour dans les Ehpad.
Crèches françaises : une maltraitance systémique
Ce mardi 11 avril, un rapport alarmant a été publié par l’Igas. Celui-ci pointe du doigt l’accueil des enfants en bas âges au sein des crèches. « L’accueil des jeunes enfants présente des risques similaires voire supérieurs aux risques constatés dans tous les lieux d’accueil de personnes vulnérables ou dépendantes » selon le rapport. Ce dernier intervient après la mort d’une fillette dans une crèche. Un décès qui faisait suite à l’ingestion forcée de soude caustique par une professionnelle. Par ce rapport, l’idée était d’apporter rapidement des éclaircissements quant aux facteurs qui, dans cette crèche, dans ce réseau et dans le cadre général des modes d’accueil collectif, auraient pu concourir à l’installation de telles situations”, comme l’avait expliqué Jean-Christophe Combe, ministre des solidarités. Pour ce faire correctement, l’Igas a réuni de nombreuses preuves par le biais de visites de crèches et d’auditions.
Les preuves ont été rassemblées après avoir passé au peigne fin trente-six établissements au sein de huit départements différents et ce, pendant quatre mois. Mais ce n’est pas tout. L’Igos aurait envoyé un questionnaire auquel 5 275 directeurs, 12 545 salariés de crèches et 27 671 parents ont répondu. Un grand nombre de personnes interrogées ont ainsi fait part de situations alarmantes comme des enfants privés de siestes ou encore oubliés aux toilettes. D’autres racontent que certains enfants sont privés d’eau : « comme ça, on change moins les couches », pendant que d’autres se font insulter « tu sens mauvais », ou alors laissés longtemps sans changer leur couche. Certains enfants seraient également attachés à un radiateur ou nourris de force en pinçant leur nez. Des révélations absolument abjectes qui alertent toute une institution.
Quelles mesures contre ces violences faites aux enfants ?
« Des bébés de 4 mois qui hurlent de faim, de sommeil, besoin d’être rassurés et doivent attendre, en silence si possible », témoigne un adulte. « La directrice la forçait à manger jusqu’à la faire vomir, j’ai vu la directrice lui redonner son vomi », écrit un interrogé. Mais ce n’est pas tout. Des punitions humiliantes sont également rapportées : « enfermer un enfant seul dans un dortoir parce qu’il ne voulait pas manger dans son assiette ».
L’organisme l’affirme : il existe des crèches “de grande qualité, portées par une réflexion pédagogique approfondie” mais le rapport alerte sur “des établissements de qualité très dégradée” qui entraînent “des carences dans la sécurisation affective et dans l’éveil”. Face à ces constats, « l’ensemble des recommandations » de ce document seront prises en compte, a assuré mardi le ministre des Solidarités, Jean-Christophe Combe, qui souhaite « agir rapidement ». Pour limiter ces abus, l’organisme recommande de renforcer les contrôles, de relever le niveau de qualification des professionnels, mais aussi et surtout de conditionner le financement de ces établissements à un objectif de qualité. Il serait également important de pallier rapidement le manque d’attractivité des métiers de la petite enfance, qui est un « facteur aggravant autant que symptôme » des difficultés à bien accueillir les enfants.