Ce jeudi 1er novembre se tiendra la journée internationale de la lutte contre le sida. Et cette année sera placée sous le signe de l’espoir avec des résultats prometteurs.
Se protéger du sida. C’est ce que l’on cherche à faire depuis l’émergence de cette maladie en 1981. Une maladie qui pourrait, en fait, remonter à bien plus loin. « À partir d’échantillons anciens de sérum, on estime aujourd’hui que tout aurait commencé dans les années 1920, en Afrique centrale, où le virus serait passé du singe à l’homme. Il mettra ensuite beaucoup de temps pour s’adapter et circuler. C’est à la suite de déplacements d’étudiants entre la Centrafrique, le Congo et le reste du continent, puis d’échanges d’intellectuels et de professionnels entre l’Afrique et Haïti, que le sida a probablement émergé en tant que pandémie », expliquait Anne-Marie Moulin, spécialiste en parasitologie. Aujourd’hui, il n’existe toujours aucun vaccin possible de nous protéger contre cette maladie. Yves Lévy, ancien patron de l’Inserm, apporte aujourd’hui une réponse pleine d’espoir pour le futur.
Dix ans de recherche
Un vaccin contre le sida ? C’est ce que tout le monde réclame, alors qu’en 2021, 5000 personnes ont découvert leur séropositivité en France, un chiffre similaire à celui de l’année précédente. Alors, depuis dix ans maintenant, Yves Lévy s’y attelle. Directeur de l’Institut de recherche vaccinale (VRI) et cofondateur de la biotech LinKinVax, il aurait potentiellement abouti à des résultats prometteurs qu’il a partagés avec Le Parisien. « Vu la complexité du VIH, on s’est dit qu’il fallait le combattre différemment. Ces dernières années, on a longuement étudié son fonctionnement. Pour le parer, l’élément clé, c’est de cibler précisément les cellules dendritiques » explique-t-il dans les colonnes du Parisien.
Et pour comprendre ses premiers résultats, il faut comprendre comment fonctionne un vaccin. « Quand un vaccin, que ce soit un virus inactivé ou des fragments, est administré dans l’organisme, ce sont elles qui envoient les ordres au système immunitaire. Alerté, il va alors fabriquer des armes pour se défendre. Cela peut prendre du temps avant que le message ne leur parvienne. Ainsi, notre injection leur envoie directement l’information grâce à une sorte de missile, un anticorps qui cible un récepteur à la surface de ces cellules, sur lequel on a accroché des fragments de virus. Les voilà immédiatement activées ». La différence réside donc dans le temps de réponse du vaccin.
Des résultats qui laissent place à l’espoir
Pour parvenir à ces résultats, Yves Lévy et son équipe ont suivi 72 volontaires, en prévention, pendant un an, entre la Suisse et la France après leur avoir injecté trois doses de cet antidote. « Après huit ans de recherche, on a réussi la phase 1-2, qui montre que notre vaccin est bien toléré et qu’il induit une réponse immunitaire intéressante. C’est énorme ! », s’enthousiasme-t-il. Si cette étape est prépondérante, une question semble subsister : « certes le corps réagit mais est-ce que sa défense va permettre de le protéger réellement lorsqu’il sera infecté par le VIH ? On ne le sait pas encore. Pour cela, il faut une troisième phase de tests auprès des populations à risque : travailleurs du sexe, homosexuels masculins, femmes en Afrique » précise le chercheur.
Depuis l’émergence du Covid-19 et de son vaccin presque dans la foulée, de nombreuses questions se posent : comment est-il possible de trouver aussi rapidement un vaccin pour un virus inconnu alors que cela fait 40 ans que l’on ne réussit pas à trouver un vaccin pour le sida ? « Ce n’est pas un virus comme les autres » affirme Yves Lévy. « Le VIH vous infecte puis il pénètre, en quelques heures, dans vos chromosomes ! Vous le gardez. Ensuite, il mute à toute allure, bien plus vite que le SARS-CoV-2. Il échappe aussi au système immunitaire. Enfin, il l’attaque ! » explique-t-il avant de rassurer sur le temps de recherche : « quarante ans de recherche, ce n’est pas si long dans l’histoire de la médecine. Cela fait plus d’un siècle qu’on cherche un vaccin contre la tuberculose, et cinquante ans pour l’hépatite C ».
Pour l’heure, ce vaccin est le seul candidat prometteur. « Il reste une vingtaine d’essais en cours dans le monde, à un stade précoce, dont le nôtre. Notre particularité, c’est que la stratégie est totalement innovante. C’est un nouvel espoir ». Si les essais se montrent concluants, il faudra néanmoins encore attendre plusieurs années avant de pouvoir voir le vaccin être mis au point et en circulation. On croise les doigts.