Ce mercredi 21 décembre, les étudiantes afghanes ont été confrontées à des hommes armés, les empêchant de pénétrer dans l’enceinte de leur université. Une nouvelle restriction pour les Afghanes.

Lorsqu’ils ont repris le pouvoir, les talibans avaient promis de mener une politique modérée et respectueuse des femmes et de leurs droits, notamment le droit d’avoir accès aux études supérieures. Dix-sept mois après, ce qu’elles craignaient est finalement arrivé : il leur est désormais interdit d’avoir accès à l’enseignement secondaire et à l’université. Mais que peuvent espérer les Afghans pour leur futur, dans cette période d’obscurantisme ?

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Afghanistan : les femmes se confrontent à de nombreuses interdictions

Les talibans ont repris le pouvoir en Afghanistan le 15 août 2021. Depuis, ils n’ont eu de cesse de bafouer les droits humains, des femmes et des jeunes filles. En dépit de leurs promesses de départ, à savoir que les femmes seraient autorisées à exercer leurs droits dans le cadre des lois de la charia, ce qui comprend le droit d’étudier. Pourtant, au cours de la première année de règne, des talibans n’ont cessé d’exclure les Afghanes de la vie publique. Depuis leur retour au pouvoir, les talibans ont notamment retiré aux femmes le droit de participer à la vie politique du pays, d’occuper la plupart des emplois situés à l’extérieur de leur domicile, mais ont également interdit aux jeunes filles de continuer leur scolarité au-delà de la sixième. En mai dernier, les talibans décident que les femmes doivent dorénavant couvrir leur visage en public et doivent rester chez elles.

Il est également désormais interdit de parcours de longues distances sans une escorte masculine, sous peine de se voir refuser l’accès à certains services essentiels. En novembre, les talibans frappent encore plus fort en interdisant aux femmes l’accès aux parcs, jardins, salles de sport et bains publics. En août 2021, la nouvelle tombait. «Vous êtes tous informés de l’entrée en vigueur de l’ordre mentionné qui suspend l’éducation des femmes jusqu’à nouvel ordre», a écrit le ministre de l’Enseignement supérieur, Neda Mohammad Nadeem, dans une lettre adressée aux universités publiques et privées du pays. Les femmes n’ont plus le droit d’accéder aux études supérieures, notamment à l’université. C’est ainsi que ce mercredi 21 décembre, des gardes armés ont bloqué celles qui tentaient d’accéder à leur université. Obéissant aux ordres intimés la veille par l’autorité talibane qui a fermé l’accès des facultés aux filles, pour une durée indéterminée. « Quand j’ai appris la nouvelle, je ne pouvais plus m’arrêter de pleurer », confie à Franceinfo Laila, en master en management et gestion d’entreprise. «Je ne peux pas décider de mon avenir, les autres le font à ma place », déplore de son côté Rania.

L’ avenir des femmes irrémédiablement menacé

Ces nombreuses mesures liberticides posent question quant à l’avenir de ces femmes, enfermées par une politique qui ne veut rien d’autre qu’invisibiliser la femme au sein de la société afghane. « En détruisant l’avenir des filles et des femmes en Afghanistan, les talibans ont décidé de détruire l’avenir de leur propre pays. Je mettrai la question à l’ordre du jour du G7 demain », a écrit sur Twitter la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, dont le pays préside le G7 jusqu’à la fin de l’année. Et l’avenir, des femmes et des filles, existe-t-il ? Si l’on en croit la majorité des femmes, pas tellement. Et celles-ci se sentent seules, face à un mur.  « Quand les talibans sont arrivés, comme la télé était gouvernementale, ils ne nous ont pas autorisés à revenir, raconte une ancienne journaliste, à Franceinfo. Ma vie avant les talibans était vraiment belle (…) J’allais faire de l’exercice dans un club, je prenais des cours de danse. Maintenant, je suis à la maison, je ne peux pas travailler. Je veux partir d’ici, car je n’ai plus d’avenir ici », déplore-t-elle. Et si une poignée de femmes n’hésite pas à manifester pour leur droit, ces manifestations sont néanmoins devenues risquées puisque les talibans n’hésitent pas à ouvrir le feu. De nombreuses protestataires ont d’ailleurs été arrêtées et les journalistes sont de plus en plus empêchés de couvrir ces rassemblements.

«Non seulement moi, mais tous mes amis sont sans voix. Nous n’avons pas de mots pour exprimer nos sentiments. Tout le monde pense à l’avenir inconnu qui l’attend», a réagi, auprès de l’AFP, Madina, une étudiante sous couvert d’anonymat. L’espoir nous a été enlevé. Ils ont enterré nos rêves.» Reha, une autre étudiante : « Nous sommes condamnées, chaque jour. Alors que nous espérions progresser, on nous met à l’écart de la société ». En réaction à cette dernière interdiction, les condamnations se font nombreuses. Notamment par la Turquie, le seul pays de l’Otan à avoir conservé des relations diplomatiques avec les talibans. « Cette interdiction n’est ni musulmane ni humaine. Nous rejetons ce bannissement, nous ne le croyons pas juste. Espérons, si Dieu veut, qu’ils renonceront à cette décision » a déclaré le ministre des affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, lors d’une conférence de presse. « En quoi l’éducation des femmes blesse-t-elle l’humanité ? », a-t-il, justement, interrogé ? Du côté de chez nous, la France, le ministère des Affaires étrangères a dénoncé une décision « profondément choquante », qui « vient s’ajouter à la liste des innombrables violations et restrictions aux droits et libertés fondamentales des Afghanes prononcées par les Talibans ». L’avenir des femmes reste donc pour le moment plus qu’incertain et le pouvoir ne semble pas vouloir revenir sur ses décisions.

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