Pour éviter de nouvelles polémiques, l’Académie des César a décidé d’opérer un changement de taille.

Tout le monde s’en souvient. En 2020, Adèle Haenel scande, « C’est une honte ! La honte », après la remise du César du meilleur réalisateur à Roman Polanski, accusé de viols et avant de quitter la salle. Une sortie qui avait bouleversé la salle Pleyel. « Distinguer Polanski, c’est cracher au visage de toutes les victimes » avait alors estimé l’actrice dans les colonnes du New York Times. Pour éviter que cette situation critique ne se reproduise, l’Académie des César a décidé de prendre une décision, plus ou moins, radicale.

Une décision radicale

Deux ans plus tard, les mentalités ne cessent d’évoluer, la société française semble s’efforcer à faire attention à ce qu’il se passe ou non. Alors en 2023, il n’est plus question de faire à des polémiques qui auraient pu être évitées. Et cela a tout à voir avec les nouvelles accusations qui pèsent sur certains acteurs comme Sofiane Bennacer, révélé dans Les Amandiers, a été mis en examen pour viols. Le lundi 2 janvier, l’Académie a donc décidé « par respect pour les victimes (même présumées en cas de mise en examen ou de condamnation non définitive), de ne pas mettre en lumière des personnes qui seraient mises en cause par la justice pour des faits de violence », indique un communiqué.

Concrètement, si une « personne figurant sur la liste des nommés fait l’objet : soit d’une mise en examen pour des faits de violence, notamment à caractère sexuel ou sexiste, passibles d’une peine de prison ; soit d’une condamnation en cours prononcée en raison de tels faits », alors « cette personne ne pourra pas être invitée à la Cérémonie ni à aucun des événements qui lui sont associés et qui sont organisés par l’Académie des César » a-t-il été détaillé. Néanmoins, cette même personne accusée, pourra tout à fait être récompensée. « Cette mise en retrait exclura également toute prise de parole ’’au nom de cette personne’’ lors de ces mêmes événements – y compris si un César devait lui être attribué à l’issue du second tour de vote », précise le communiqué. Cette décision intervient pour respecter « les victimes (même présumées en cas de mise en examen ou de condamnation non définitive) » et par conséquent « de ne pas mettre en lumière des personnes qui seraient mises en cause par la justice pour des faits de violence ».

Sofiane Bennacer, élément déclencheur

La décision de l’Académie intervient alors que récemment, l’acteur Sofiane Bennacer qui interprète le premier rôle masculin dans le film Les Amandiers, a été mis en examen pour «viols et violences sur conjoint». Et alors qu’il figurait dans la liste pour les nominations du meilleur espoir masculin 2023, l’Académie en a décidé autrement. « Les informations publiées par la presse depuis le 22 novembre (…), commandaient, sans préjudice de la présomption d’innocence et par respect pour les victimes présumées, de le retirer de la liste des 32 Révélations pour les César 2023 », a fait savoir l’Académie. De son côté l’acteur n’a évidemment pas bien reçu la nouvelle. « Je suis innocent (…) La présomption d’innocence existe-t-elle encore ? Ou sommes-nous dans un état de non-droit, un état où la simple accusation sans fondement peut détruire une vie ? », s’est interrogé Sofiane Bennacer sur ses réseaux sociaux, clamant son innocence.

Pour y voir plus clair, La Chambre des Représentants a ainsi réfléchi à plusieurs questions : « Quel serait le fondement d’une mesure d’empêchement de participer à la cérémonie ? », « Quel en serait l’élément déclencheur (mise en examen et/ou condamnation, nature et degré de gravité de l’infraction reprochée) ainsi que la durée de la décision ? », « Quels critères présideraient à la connaissance par l’Académie des infractions reprochées ? », « Quelle communication éventuelle serait faite au nom des personnes rendues temporairement inéligibles ? ». Des questions dont les réponses pourraient donner lieu à des nouveaux changements de règlement. « Devant l’ampleur et la complexité de ces questions, d’un point de vue moral et juridique, tout le monde s’est accordé pour dire qu’il fallait poursuivre la réflexion par la mise en place d’un groupe de travail dédié auquel seront invitées toutes les personnalités, associations, ou autorités compétentes qu’il semblera utile au Bureau de l’Académie de convier pour éclairer le groupe de travail de leurs conseils ou de leur expertise (…) et un éventuel changement de Règlement de l’Académie sera proposé au vote selon les modalités démocratiques statutaire » a précisé le communiqué.

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