12 minutes de prise de parole. Une apparition attendue, mais dont personne n’avait aucun espoir. Emmanuel Macron s’est exprimé après trois mois de révolte dans les rues de France. L’objectif ? Tenter de renouer le dialogue, relancer son quinquennat et apaiser les tensions liées à la crise politique et sociale. Un objectif perdu d’avance…

Une allocution désincarnée ?

L’opposition politique avait prévenu : elle n’attendait « rien » de cette prise de parole qui s’apparenterait selon elle à du « vent ». Et alors que des concerts de casseroles étaient en cours, Emmanuel Macron a commencé son allocution en évoquant, sans surprise, la réforme des retraites :  « Ces changements étaient nécessaires pour garantir la retraite pour chacun et produire plus de richesse pour notre nation », a-t-il indiqué, « alors que le nombre de retraités augmente » tout comme « notre espérance de vie », précise-t-il avant de reconnaître que cette réforme n’est « à l’évidence » pas acceptée. « Malgré les mois de concertation, un consensus n’a pas pu être trouvé. Je le regrette et nous devons tirer tous les enseignements de cette colère qui s’est exprimée », a-t-il consenti avant d’expliquer que s’il faut entendre la colère de la majorité, « la réponse ne peut être ni dans l’immobilisme, ni dans l’extrémisme ».

Au cours de son discours, le mot colère est prononcé six fois. Un mot dont « il ne comprend pas l’esprit » selon Clémentin Autain députée LFI. « Je crois malheureusement que 90% qui n’attendaient rien du président de la République ce soir et qui étaient convaincus qu’il n’apaisera pas, ont eu raison », déplore-t-elle. Pour Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT, Emmanuel Macron s’est livré à un exercice totalement désincarné. « Bah en fait, la question qu’on se pose, c’est sur quelle planète vit Emmanuel Macron ? Cette allocution aurait pu être faite par ChatGPT », a-t-elle assené. « Il y a un côté très désincarné (…) On a l’impression qu’il n’a pas entendu ce que lui ont dit les millions de manifestantes et manifestants ».  Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a de son côté estimé qu’il y avait dans le discours du chef d’État « une espèce de vide », « rien de concret ».

100 jours d’apaisement

Après avoir parlé de la réforme des retraites, Emmanuel Macron a donc insisté sur les principaux chantiers sur lesquels il veut se concentrer. Justice, travail et progrès. En ce qui concerne le travail, le président souhaite un « nouveau pacte de la vie au travail construit dans les semaines qui viennent par le dialogue social ». En outre, il s’agira d’aborder les sujets tels que les revenus, les carrières, les conditions de travail ou le partage des richesses, l’emploi des seniors ou encore les reconversions. Emmanuel Macron s’engage également à aller « vers un nouveau modèle productif et écologique, dans l’agriculture, le bâtiment, l’économie circulaire, les transports, l’énergie et les technologies », afin d’être notamment « mieux parés face aux événements climatiques, comme la sécheresse estivale »

Le chef d’État a insisté sur l’importance de la justice et de l’ordre républicain au sein de notre société. Un sujet sur lequel il ne fera donc pas l’impasse et sur lequel il ne lésinera pas sur les moyens. « L’État de droit est notre socle. II n’y a pas de liberté sans lois, ni sans sanctions envers ceux qui transgressent le droit des autres » a-t-il martelé. « Nous continuerons à recruter plus de 10 000 magistrats et agents », poursuit-il, préparant à des « annonces fortes dès le mois de mai » pour « lutter contre toutes les formes de délinquance et toutes les fraudes ». Un sujet qui a amené un sujet que l’on pensait oublié : l’immigration. Le « contrôle de l’immigration illégale » sera donc une de ses priorités, « tout en intégrant mieux ceux qui rejoignent notre pays ».

Côté éducation, Emmanuel Macron l’assure : il aspire à ce que l’éducation nationale devienne l’une des meilleures d’Europe ». Il promet ainsi que « dès la rentrée, notre école va changer à vue d’œil : pour les enseignants, qui seront mieux rémunérés et auront plus de liberté, pour les élèves, qui seront davantage accompagnés en français et en mathématiques pour leurs devoirs, et pratiquent plus de sport à l’école : pour les parents qui verront le remplacement systématique des enseignants absents. »

En attendant, le président de la République précise que « nous avons devant nous 100 jours d’apaisement, d’unité, d’ambition et d’action au service de la France », avant de donner rendez-vous « le 14 juillet prochain » pour « faire un premier bilan ». « C’est notre devoir et je vous fais confiance, je nous fais confiance pour y arriver », a-t-il conclu.

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