La réforme des retraites a envoyé valser toutes les autres préoccupations en un claquement de doigts. Ou plutôt de 49.3. Pour cette raison, la question de la mixité sociale et scolaire au sein de l’éducation était restée en suspens depuis le mois de novembre. Pourtant, il s’agit d’un sujet urgent, à l’heure où la France présente certaines lacunes en matière de mixité, notamment concernant l’origine sociale des élèves qui constitue un facteur de réussite ou au contraire, d’échec.

Quelles pourraient être les améliorations ?

Attendues « dès la rentrée 2023 », des améliorations pourraient donc voir le jour grâce aux mesures annoncées par le ministre ce jeudi 11 mai. En cause ? Des données publiées par le ministère de l’Éducation à l’automne dernier montraient qu’il existe d’importantes disparités sociales entre les établissements scolaires privés et publics, mais également entre les élèves selon qu’ils viennent d’un milieu favorisé ou défavorisé.  «En France, la ségrégation scolaire est la plus importante d’Europe », avait ainsi rappelé Pap Ndiaye sur France 3. En substance, en France, l’avenir scolaire d’un enfant est nettement déterminé par son origine sociale.

Pour améliorer les choses, le ministre de l’Éducation compte prioriser le milieu scolaire public, puisqu’il concerne 80% des élèves. Pour ce faire, il compte sur la création de « sections d’excellence » sur le même schéma qu’à l’internationale, ainsi que le création de « binômes de collèges proches géographiquement, mais très contrastés socialement ». L’idée est donc de permettre à des élèves issus de milieux plutôt défavorisés d’étudier dans des zones plus favorisées. Ainsi, il faudrait redécouper la carte scolaire, et même penser à fermer des collèges trop ségrégés, comme l’a expliqué le ministre, qui a identifié « 200 binômes de collèges pouvant faire l’objet de rapprochement ».

Mixité sociale et scolaire : changements, privé… à quoi s’attendre ?

©unsplash

Concernant le secteur scolaire privé, celui-ci ne sera pas exempt d’efforts pour contribuer à l’amélioration de la mixité.  «Le privé doit contribuer à l’effort de mixité sociale» avait ainsi affirmé le ministre, bien conscient que ce dernier est un facteur aggravant de la ségrégation scolaire puisqu’il est difficilement accessible aux personnes les moins favorisées. C’est là que le bât blesse : Pap Ndiaye a confirmé que le privé devra signer un « protocole d’accord » d’ici le 17 mai mais que rien d’obligatoire n’y figurera. Pourtant, le ministre lui-même avait affirmé que sans le privé, « notre politique de mixité sera vouée à l’échec ».

Si le ministre espère des améliorations dès « la rentrée 2023 », celui-ci se heurte à une absence de réponse de la part de la majorité. « Nous avons quelques difficultés, il est clair que les vents contraires sont puissants », a-t-il admis dans les colonnes du Monde.  « Une partie de la droite aimerait bien me dépeindre comme celui qui voudrait relancer le débat sur “l’école libre”, en faisant de moi un nouvel Alain Savary. Je ne me mets pas dans ses pas, même si j’ai beaucoup d’admiration pour l’ancien ministre et le résistant, injustement oublié », explique-t-il. Ce 11 mai, le ministre n’accorde  son temps de parole uniquement au secteur public. Le sort des écoles privées sera défini quant à lui le 17 mai. 

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