« Avant un éventuel procès, un policier n’a pas sa place en prison, même s’il a pu commettre des fautes ou des erreurs graves dans le cadre de son travail », a estimé Frédéric Veaux, soutenu par le préfet de police de Paris Laurent Nunez : « Je partage les propos du DGPN ». Des propos qui ne passent pas du tout auprès des représentants des magistrats et de toute une partie de l’opinion publique.

Des propos jugés « gravissimes »

Lundi 24 juillet, les deux principaux syndicats de magistrats se sont exprimés quant à la récente sortie du patron de la police nationale, Frédéric Veaux. Pour rappel, selon lui « avant un éventuel procès, un policier n’a pas sa place en prison ». Des propos jugés « gravissimes ». Par le biais d’un entretien accordé au Parisien, le patron de la police nationale a ainsi exprimé son souhait que soit libéré un policier de la BAC de Marseille incarcéré dans le cadre d’une enquête sur des violences policières commises en marge des émeutes début juillet. Il s’est également ému de son sort en expliquant que « le savoir en prison », l’empêche « de dormir ».

De quoi faire réagir. « Il y a un principe fondamental dans une démocratie : la loi est la même pour tous. Les policiers qui commettent des infractions dans l’exercice de leurs fonctions sont passibles de sanctions pénales », comme les autres justiciables, a également souligné la présidente du Syndicat de la magistrature, Kim Reuflet, auprès de l’AFP. « Le directeur général de la police nationale, sous la tutelle du ministre de l’Intérieur, fait pression sur l’autorité judiciaire dans une affaire individuelle. (…) Le président de la République doit réagir », a de son côté écrit le Syndicat de la magistrature sur Twitter. ’Il faut soutenir les forces de l’ordre qui sont confrontées à des conditions extrêmement difficiles et qui l’ont été récemment mais il faut aussi savoir débusquer des comportements illégitimes, qui ne répondent pas aux conditions normales d’intervention, dans des circonstances dont la justice tient compte » a estimé Cécile Mamelin, vice-présidente de l’Union syndicale des magistrats, au micro de Franceinfo.

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Emmanuel Macron tempère, Mathilde Panot

La réaction d’Emmanuel Macron à ce sujet était très attendu. Depuis Nouméa, le chef de l’Etat a rappelé l’engagement des forces de l’ordre dans les émeutes de début juillet, mis en balance les « 900 blessés » d’un côté et les « vingt-huit enquêtes » engagées par l’IGPN et l’IGGN, avant de botter en touche sur ce cas précis : « C’est une décision prise par un magistrat, je ne me prononcerai pas sur celle-ci » avant de préciser que « nul n’est au-dessus des lois ». Une prise de position très attendue par les magistrats : « Nous nous attendions à une prise de position de Macron. Le climat de tension que l’on ressent depuis déjà environ deux ans entre la police et la justice s’est tellement dégradé qu’il fallait une parole au plus haut niveau de l’État. Cette parole était mesurée, elle est exactement celle des magistrats que nous représentons » a expliqué Cécile Mamelin à France info.

 

De son côté, Mathilde Panot, députée Nupes-La France Insoumise, a indiqué saisir la procureur de la République, invoquant l’article 40 du Code de procédure pénale : « Chercher à jeter le discrédit (…) sur un acte ou une décision juridictionnelle, dans des conditions de nature à porter atteinte à l’autorité de la justice ou à son indépendance est puni de six mois d’emprisonnement et de 7500 euros d’amende ».

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