Les chiffres sont dramatiques. En un mois, à Marseille, douze personnes ont trouvé la mort après des règlements de comptes liés au trafic de drogues. En moyenne, cela correspond à trois morts par semaine. Une moyenne macabre qui tire la sonnette d’alarme. Selon la préfète de police des Bouches-du-Rhône, les gang « Yoda » et « DZ Mafia » seraient la source de ce fléau. Selon Frédérique Camilleri, la préfète, 80% des 68 fusillades depuis le début de l’année sont liées à ces deux gangs. Gérald Darmanin a répondu favorablement à la demande de la préfète de déployer dans les quartiers Nord la CRS 8, dont l’efficacité est remis en cause par certains policiers et acteurs associatifs.

À quoi sert la CRS 8 ?

Dans un tweet, le ministre de l’Intérieur annonce « des opérations ciblées contre les trafics de drogue au cours des prochains jours ». Par ces opérations, il entend le déploiement de la CRS 8, une unité spécialisée dans les violences urbaines qui peut être mobilisée 24h/24 et 7 jours sur 7. Pendant une semaine, des opérations « coups de poing » contre le trafic de stupéfiants sur les points de deal les plus importants de la citée Phocéenne seront réalisées. Si ce déploiement se dresse comme le seul espoir de lutte contre les décès liés au trafic de stupéfiants, de nombreuses personnes issues de la police pointent du doigt une opération inutile, voire utopique.

« Sincèrement, dans les quartiers, on sait pas à quoi ça sert. C’est une énième arrivée de la CRS 8 avec une opération éphémère dans une cité. Il fallait bien une réaction face au nombre de morts. Il fallait bien faire quelque chose. Mais penser que cette solution va arrêter les règlements de compte, c’est utopique », déplore Hassen Hammou, fondateur du collectif Trop jeune pour mourir, dans les colonnes de 20 minutes. « Ça peut apaiser la situation quelques semaines. Mais on le sait bien : dès que la CRS 8 va repartir, ça sera la même logique. La CRS 8 a vocation à faire tomber une situation, pas de rester éternellement dans un périmètre précis (…) », explique de son côté  Bruno Bartocetti, secrétaire national Unité SGP Police-FO chargé de la zone Sud. « C’est tout un système qu’il faut démanteler, s’attaquer à toutes les causes. Pourquoi certains dans les cités sont au chômage ? Pourquoi certains sont en décrochage scolaire ? », abonde-t-il.

©unsplash

« Yoda » et « DZ Mafia » : qui sont-ils ?

Une cinquantaine de fusillades leur sont attribuées. Au total, depuis le début de l’année, 36 personnes ont perdu la vie sur fond de trafic de drogue à Marseille. Parmi eux, un adolescent de 17 ans, lynché en février par une trentaine de personnes à la cité de la Paternelle, ou encore un homme de 27 ans tué par une balle de Kalachnikov en pleine tête. « Il ne s’agit ni plus ni moins que de la reprise du conflit entre Yoda et DZ Mafia » avait alors annoncé la préfète, le mercredi 16 août.  « Désormais, nous sommes face à une logique de vendetta plus que d’appropriation de territoire, je tue pour faire peur, pas pour éliminer un concurrent gênant ou récupérer un point de deal » a expliqué la préfète devant la presse. 

Les profils des tueurs sont tout aussi inquiétants, notamment par leur jeune âge. En avril dernier, un jeune homme de 18 ans, Matteo F, était interpellé par la BRI après avoir été soupçonné d’avoir été un tueur à gage pour la DZ Mafia et d’avoir abattu Kaïs et Djibril, âgés de 16 et 15 ans. A seulement 18 ans, il a affirmé avoir touché 200 000 euros pour avoir rempli ses « contrats ».

Quant aux chefs de réseaux, qui se livrent à une guerre sans précédent, pas question de vivre à Marseille. Ces derniers auraient trouvé refuge à l’étranger, vraisemblablement à Phuket, en Thaïlande. « Féfé » ou « Le Chat »,  « Yoda » et « Tic » le chef la DZ Mafia, ont tout deux 33 ans, précise Le Parisien.  « Leur dernier face-à-face connu remonte à février 2023 », détaille le journal francilien.

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