Les défaillances du système d’hébergement d’urgence « absolument indigne ». C’est ce qu’entend dénoncer Strasbourg, Rennes, Lyon, Grenoble et Bordeaux qui demandent le remboursement des sommes déboursées pour mettre des personnes à l’abri, en l’absence de solutions déployées par l’État, qui est le garant de cette question.

Des millions d’euros déboursés

L’État face à ses responsabilités. Et force est de constater qu’il a failli. Pourtant, les cinq grandes villes s’étaient essayées à la méthode douce. Sans succès. Elles ont donc décidé de passer à la vitesse supérieure et attaquent l’État devant leurs tribunaux administratifs respectifs. « À l’heure où je vous parle, 28 enfants vivent sous des toiles de tente. Une vingtaine d’autres dorment dans des écoles », martèle Nathalie Appéré, maire de Rennes, dans les colonnes de Ouest France. « En dépenses directes, nous sommes à trois millions d’euros par an entre la Ville et la métropole », détaille-t-elle. Une somme dépensée pour financer 818 places en 2022.

Symboliquement, « nous demandons le remboursement des dépenses mises en œuvre » par chacune de ces villes pour l’hébergement d’urgence dont l’Etat est responsable, a expliqué Jeanne Barseghian. Mais également pour réclamer « la refonte » d’un système « obsolète », a-t-elle martelé.  Les montants demandés varient significativement, allant de 130 000 euros pour Bordeaux, jusqu’à plus de trois millions d’euros pour Rennes. Strasbourg a engagé une action en justice le 12 février pour réclamer près de 918 000 euros, tandis que Grenoble a déposé son recours le 6 février pour environ 51 000 euros, et Lyon a fait de même le 9 février, réclamant 300 000 euros.

Plus de 300 000 personne à la rue

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Le « constat est posé depuis des mois, voire des années, avec des alertes extrêmement claires » sur l’hébergement d’urgence et « un système aujourd’hui inadapté, insuffisant, inefficace et absolument indigne », a de son côté abondé la maire EELV de Strasbourg, Jeanne Barseghian, dans une conférence de presse en ligne. C’est cinq villes ont mis en avant le dernier rapport de la Fondation abbé Pierre, qui comptabilise 330.000 personnes sans domicile en France et ont regretté « le silence assourdissant de l’Etat » qui « n’a jamais répondu » au courrier qu’ils lui ont adressé en décembre avec Anne Hidalgo, maire PS de Paris. 

« On assiste à une hiérarchisation atroce de la misère », dénonce Eric Piolle, le maire de Grenoble. Il a également fait référence à l’engagement pris par le président Emmanuel Macron en 2017, promettant qu’il n’y aurait plus personne sans abri d’ici la fin de son premier mandat. « Sept ans ont passé, qu’est devenu cet engagement ? », a-t-il demandé ?

Pour rappel, « toute personne sans abri en situation de détresse médicale, psychique ou sociale a accès, à tout moment, à un dispositif d’hébergement d’urgence », stipule l’article L345-2-2 du Code de l’action sociale et des familles.

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