La 49è cérémonie des César a été marquée par l’intervention de l’actrice Judith Godrèche qui a offert à l’assemblée un long discours dénonçant vivement les pratiques, et le système en place dans l’industrie cinématographique.

« Trafic illicite de jeunes filles »

La cérémonie des César est l’incontournable du cinéma français. Récompensant chaque année les meilleures productions cinématographiques, les acteurs et équipes, la cérémonie de ce vendredi était placée sous le signe du chamboulement. En effet, pour la première fois depuis 2000, la meilleure réalisation a été décernée à Juliette Triet et son film, Anatomie d’une chute, qui a raflé aussi le meilleur film et la meilleure actrice pour Sandra Hüller. L’Olympia de Paris a aussi vu, ce vendredi 23 février, un discours de 7 minutes de l’actrice Judith Godrèche qui, pour sûr, a marqué cette cérémonie. Revenue sur le Vieux Continent il y a peu après une dizaine d’années aux Etats-Unis, l’actrice a tenu un réquisitoire dénonçant les « us et coutumes » de l’industrie du 7è Art en France, mais aussi au-delà des frontières. Celle qui est aujourd’hui perçue comme un fer de lance des mouvements MeToo en France a évoqué un « trafic de jeunes filles » dans le cinéma. En outre, elle a été l’une des premières à dénoncer le producteur Harvey Weinstein pour agressions sexuelles en 2017.

Une standing ovation

©unsplash

A son arrivée sur la scène de l’Olympia, de longues minutes d’applaudissements ont précédé le discours de Judith Godrèche. Celle qui a récemment dénoncé des agressions sexuelles des réalisateurs Jacques Doillon et Benoît Jacquot, a été accueillie en icône par la salle. Après avoir librement mis en avant les us et coutumes du 7è Art d’un ancien temps, elle appelle à la libération de la parole dont elle a entamé le travail, « Depuis quelque temps, la parole se délie, l’image de nos pères idéalisés s’écorche, le pouvoir semble presque tanguer, serait-il possible que nous puissions regarder la vérité en face ? Prendre nos responsabilités ? Être les acteurs, les actrices d’un univers qui se remet en question ? Depuis quelque temps, je parle, je parle, mais je ne vous entends pas, ou à peine. Où êtes-vous ? Que dites-vous ? Un chuchotement. Un demi-mot. » A la suite de ce discours qui aura un après, Godrèche a malgré tout, délivré un message fort d’espoir dans son plaidoyer. « Il faut se méfier des petites filles. Elles touchent le fond de la piscine, se cognent, se blessent, mais rebondissent. » L’Olympia a offert à l’actrice et militante une standing ovation à la fin de son discours, qui a particulièrement touché la récente ministre de la Culture, Rachida Dati. Alors que les langues semblent de plus en plus se délier, y aura-t-il de nouvelles révélations sur le cinéma français ?

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