Depuis plusieurs semaines maintenant, les agriculteurs multiplient les actions. En effet, ils entendent dénoncer leurs conditions de travail et leurs difficultés financières. C’est donc dans un contexte très tendu que le chef de l’Etat s’est rendu au Salon de l’Agriculture, qui a été le théâtre d’intrusions, de la part de manifestants qui voulaient se faire entendre. Ce qui n’était évidemment pas au goût d’Emmanuel Macron, qui a, presque, perdu son sang-froid. 

Un Salon sous haute tension

Des dizaines de manifestants ont forcé l’entrée du Salon de l’Agriculture, porte de Versailles. S’ils se sont montrés très virulents, c’est surtout à l’égard du président de la République qu’ils ont été le plus hostiles en le huant, appelant à sa démission et en le sifflant. Coup dur pour le chef de l’Etat, qui ne s’est pas laissé démonter au micro de BFMTV. « On ne répondra pas en quelques heures à cette crise agricole. Il faut que le Salon se passe bien », a-t-il fermement déclaré, les larmes aux yeux. Les journalistes lui ont ensuite demandé de s’expliquer sur la prétendue invitation du groupe écologiste Soulèvements de la terre, très controversé, au Grand débat, initialement prévue le samedi 24 février au premier jour du salon. 

“Je vais vous dire. Je démens totalement cette information. Je n’ai jamais songé, initié, une telle invitation. Et vous parlez au président de la République qui a assumé de faire passer en Conseil des ministres, la dissolution des Soulèvements de la terre. Toute cette histoire m’a mis en colère, à un point que vous ne pouvez pas imaginer”. Quelques jours auparavant, le collectif avait pourtant assuré qu’il avait été contacté par l’Elysée. « L’Élysée, par l’intermédiaire des cabinets de Pascal Canfin et Gabriel Attal, ont bien cherché à contacter des membres des Soulèvements de la Terre afin de nous inviter à ce débat ».

Nouvelles promesses

Si l’arrivée du président de la République au Salon de l’Agriculture ne présageait rien de bon, il est finalement parvenu à parcourir l’événement, plutôt calmement. « C’est ridicule de la part d’agriculteurs d’avoir fait de la violence sur un salon qui est le leur », a-t-il taclé. Au cours de ces échanges, Emmanuel Macron a été interpellé sur plusieurs sujets, dont il a essayé d’aborder le plus clairement possible. « La ferme France, elle reste forte, elle produit (…), c’est faux de dire qu’elle est en train de se casser la gueule », a asséné le chef de l’Etat, exhortant à ne « pas dresser un portrait catastrophiste de notre agriculture », a-t-il notamment affirmé. Lors de ces échanges, il a également distillé plusieurs engagements. 

Emmanuel Macron a déclaré avoir à cœur de soutenir l’agriculture française, soulignant l’importance de cette dernière comme un intérêt général majeur de la nation. Il a ainsi annoncé un « plan de trésorerie d’urgence » pour aider les agriculteurs face aux difficultés financières, avec des réunions planifiées pour élaborer ce plan avec les ministres concernés et les banques. En parallèle, il vise à instaurer des « prix planchers » basés sur les coûts de production pour protéger le revenu agricole, une démarche qui cherche à rectifier le manque de prise en compte des coûts de production dans certains secteurs comme la viande de bœuf et le lait. Cette initiative s’accompagne d’un effort législatif pour reconnaître l’agriculture comme un intérêt général majeur, une demande clé du syndicat agricole FNSEA, impliquant des conséquences juridiques significatives et visant à faciliter notamment la construction de réserves d’eau pour l’irrigation.

En outre, Macron s’est engagé à aligner les décisions françaises sur les interdictions de pesticides avec celles de l’Union européenne, pour éviter les distorsions de concurrence. Cette approche vise à s’assurer que l’Anses, l’agence sanitaire française, ne prenne pas de mesures unilatérales qui pourraient désavantager les agriculteurs français par rapport à leurs homologues européens. Cette stratégie reflète une volonté d’équilibrer la protection de la santé humaine et de l’environnement avec les besoins de compétitivité de l’agriculture française.

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