C’est un sujet important pour Emmanuel Macron. En 2017, il affirmait l’importance de choisir sa fin de vie. Aujourd’hui, il ouvre la voie à cette possibilité, qui cristallise encore les débats et provoque de vives oppositions. Et ce, malgré la promesse de « conditions strictes ».

Quelles conditions d’accès à l’aide à mourir ?

  • C’était l’une de ses promesses de campagne. Emmanuel Macron a annoncé ses intentions quant à la fin de vie, l’une des réformes les plus sensibles annoncées au Parlement. Il prévoit ainsi de légaliser une « aide à mourir » permettant de s’administrer, seul ou à l’aide d’un tiers, une « substance létale ». En ce sens, il prévoit également le développement de l’accès aux soins palliatifs. Pour le président de la République, il n’est pas question de « suicide assisté ou d’euthanasie. « Le terme que nous avons retenu est celui daide à mourir parce quil est simple et humain et quil définit bien ce dont il sagit, explique Emmanuel Macron au journal La Croix. Le terme d’euthanasie désigne le fait de mettre fin aux jours de quelquun, avec ou même sans son consentement, ce qui nest évidemment pas le cas ici. Ce nest pas non plus un suicide assisté qui correspond au choix libre et inconditionnel dune personne de disposer de sa vie », a-t-il encore précisé.

« Cette loi, nous lavons pensée comme une loi de fraternité, une loi qui concilie lautonomie de lindividu et la solidarité de la nation » a-t-il précisé dans les colonnes de La Croix. « Elle trace un chemin qui nexistait pas jusqualors et qui ouvre la possibilité de demander une aide à mourir sous certaines conditions strictes ». Mais alors, quelles seront ces conditions d’accès ? Dans un premier temps, il faudra être majeur pour demander l’aide à mourir. Ensuite, « les personnes devront être capables dun discernement plein et entier, ce qui signifie que lon exclut de cette aide à mourir les patients atteints de maladies psychiatriques ou de maladies neurodégénératives qui altèrent le discernement, comme Alzheimer » détaille le président de la République. De plus, il faudra justifier d’une maladie incurable, qui induit un décès à court ou moyen terme. Enfin, « le quatrième critère est celui de souffrances – physiques ou psychologiques, les deux vont souvent ensemble – réfractaires, cest-à-dire que lon ne peut pas soulager ».

Déceptions des partisans et des opposants

©unsplash

Les grandes lignes dévoilées par Emmanuel Macron n’ont pas suscité l’enthousiasme de tout le monde. Si « cest la première fois quun président de la République porte un projet de loi comportant laide à mourir », comme le note Jonathan Denis, président de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), quelques aspects du projet de loi dérangent. « Etant donné les critères retenus par le président de la République, on risque de se retrouver avec une loi qui sera difficile à appliquer », explique le président de l’association, dans les colonnes de l’Obs. « Il ny aurait rien de pire que de voter une nouvelle loi qui continue dobliger les Français à partir à l’étranger… ». Le militant s’inquiète également de la notion de «moyen terme » employée par Emmanuel Macron. « Il aurait plutôt fallu retenir le critère du stade avancé ou terminal dune maladie, et ce même en labsence dun pronostic vital engagé à brève échéance », explique-t-il.

Côté opposition, de nombreux représentants religieux ont réagi au projet de loi en question. Éric de Moulins-Beaufort, le président de la Conférence des évêques de France, n’a pas caché sa déception. « Appeler loi de fraternité” un texte qui ouvre à la fois le suicide assisté et leuthanasie est une tromperie. Une telle loi, quoi quon veuille, infléchira tout notre système de santé vers la mort comme solution », a-t-il déploré dans les colonnes de La Croix. L’évêque de Nanterre Matthieu Rougé a dénoncé sur France Inter « une très mauvaise surprise » à la fois « triste et préoccupante ». De son côté, le recteur de la Grande mosquée de Paris, Chemseddine Hafiz a estimé qu’il « y a énormément d’ambiguïté sur le suicide assisté, l’euthanasie… parler d’aide à mourir, c’est hideux » a-t-il affirmé à l’AFP.

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