Il avait visionné plus de 1 700 vidéos de propagandes ou de massacres à caractère djihadiste. Il a été décrit comme un enfant « présentant d’importantes vulnérabilités ». Ce mercredi 21 août, le tribunal de Montbéliard, dans le Doubs, l’a reconnu coupable.
Partage de vidéos de massacre
Près de quatre heures. C’est le temps qu’a duré l’audience devant laquelle a été présenté ce garçon de moins de treize ans. Depuis décembre, le garçon avait téléchargé 1 700 vidéos de propagandes ou de massacres mais il en partageait également par le biais de plusieurs messageries cryptées. Au cours de son audience, le jeune garçon aurait reconnu s’être intéressé à l’islam avant de tomber dans des canaux de discussions sur Discord et Telegram. « Il a pu participer à des discussions relevant de l’islamisme radical et nous a expliqué à plusieurs reprises avoir été embrigadé », a précisé le procureur.
Lors de l’audience, dans une ambiance « très sereine mais lourde en émotions », le jeune qui a demandé à plusieurs reprises à ce que la séance soit interrompue mais a reconnu que ce qu’il avait fait était « mal ». La défense a émis le souhait d’une relaxe au motif que le garçon ne faisait pas preuve de discernement. L’expertise judiciaire a mis en évidence « une conscience assez nette, chez le garçon, du caractère répréhensible de ce qu’il lui est reproché », a souligné le procureur, Paul-Édouard Lallois. Pour ce dernier, les infractions étaient « constituées » car le préadolescent mettait « sous un jour favorable des actes de terrorisme et pouvait inciter à la commission de tels actes ».
Vulnérabilités psychologiques
« Ce qui est sans doute le plus notable, c’est l’extrême jeunesse de cet enfant », avait précisé le procureur lors de l’ouverture de l’enquête. « J’avais face à moi un enfant qui a beaucoup pleuré », qui faisait toutefois état d’un intérêt pour « les explosifs, les armes en général », avait-il encore détaillé. S’il semble que le garçon ait été conscient du mal qu’il faisait, le procureur a tout de même noté une altération du discernement caractérisée par des vulnérabilités psychologiques, « terreau favorable pour s’inscrire dans un phénomène de radicalisation ». En effet, l’enfant présentait des troubles du développement, qui se confirme par un retard de langage. « Il a fait état de difficultés d’adaptation au collège et de son vécu négatif de la solitude. »
Le garçon, âgé de moins de 13 ans, n’encourt pas de peine d’emprisonnement. Il fait pour le moment l’objet de mesures judiciaires éducatives, avant le prononcé de la sanction pénale dans 7 mois. Sa condamnation donnera lieu à une traçabilité sur son casier judiciaire, mention qui demeurera après ses 18 ans. Selon le magistrat, la mesure de placement, en cours depuis la fin de juillet, « se passe bien (…) L’enfant évolue désormais favorablement, loin de la solitude, avec la notion de vie en collectivité et avec une prise en charge évolutive. »