Les Français sont de plus en plus nombreux à bouder la cigarette. 

C’est une baisse historique. D’après le baromètre 2024 de Santé publique France, publié ce mercredi 15 octobre, le pays compte 4 millions de fumeurs quotidiens en moins par rapport à 2014. Si le tabac reste la première cause de mortalité évitable, la tendance est clairement à la baisse — mais de fortes inégalités sociales et régionales persistent.

Une décennie marquée par un recul inédit du tabagisme

Depuis 2014, la France a enregistré une baisse continue du nombre de fumeurs quotidiens : ils représentent désormais 17,4 % des 18-75 ans, contre 25 % en 2021 et 32 % en 2014. Un tournant que l’agence sanitaire qualifie de « nette amélioration » et qu’elle relie directement aux politiques publiques menées depuis dix ans.Santé publique France évoque notamment l’augmentation du prix du tabac, les campagnes de prévention nationales (comme Mois sans tabac), et l’interdiction de fumer dans certains espaces publics, autant de leviers qui ont contribué à freiner la consommation.

Le tabac reste pourtant la première cause de mortalité évitable en France, responsable de 75 000 décès par an, soit 13 % de l’ensemble des morts.
Mais cette tendance à la baisse représente un signal encourageant pour la santé publique :

  • La consommation quotidienne de tabac recule fortement depuis 2021.
  • Les ventes de cigarettes ont chuté de 24 % entre 2021 et 2024.

Selon l’agence, ces chiffres confirment que la prévention et l’accompagnement à l’arrêt fonctionnent, notamment auprès des jeunes adultes et des femmes, deux publics qui affichaient encore une forte prévalence il y a dix ans.

Le tabagisme recule, mais pas partout

Si la tendance générale est positive, le baromètre met en lumière de fortes disparités géographiques et sociales.

Les régions du Sud et de l’Est de la France restent plus touchées que la moyenne nationale :

    • Provence-Alpes-Côte d’Azur : 20,9 % de fumeurs quotidiens
  • Occitanie : 20,6 %
  • Grand Est : 19,8 %

Ces écarts s’expliquent à la fois par des facteurs culturels, une plus grande accessibilité au tabac via les pays frontaliers, et une prévalence plus forte dans les milieux modestes. Chez les ouvriers, le tabagisme atteint 25,1 %, et près de 30 % chez les personnes au chômage. La corrélation entre niveau d’études et dépendance au tabac reste nette : plus le diplôme est faible, plus la probabilité de fumer augmente.

Les Français veulent arrêter : 55 % des fumeurs envisagent un sevrage

Autre donnée clé : plus d’un fumeur quotidien sur deux (55 %) déclare vouloir arrêter.
Et 17,3 % d’entre eux ont tenté d’arrêter au moins une semaine au cours des douze derniers mois. Les tentatives d’arrêt sont plus nombreuses chez les personnes diplômées ou issues de milieux favorisés. Mais chaque tentative compte : selon Santé publique France, les chances de devenir non-fumeur sont multipliées par cinq à chaque nouvel essai. “Changer ses habitudes liées au tabac” reste un conseil central du dispositif Tabac Info Service, qui encourage les fumeurs à atteindre 30 jours sans cigarette — le seuil à partir duquel la dépendance physique diminue significativement.

Le succès du Mois sans tabac, organisé chaque novembre depuis 2016, illustre l’impact des campagnes collectives. Ces actions favorisent une dynamique d’arrêt grâce à la dimension communautaire et au soutien psychologique proposé en ligne. Par ailleurs, la fiscalité dissuasive a joué un rôle majeur : le prix moyen du paquet a augmenté de 65 % depuis 2017, incitant de nombreux fumeurs à réduire leur consommation ou à se tourner vers le sevrage. Enfin, la dénormalisation sociale du tabac – sa disparition progressive des bars, terrasses et lieux publics – a contribué à changer les comportements, en particulier chez les jeunes générations.

Une vigilance toujours nécessaire

Si les chiffres sont encourageants, Santé publique France rappelle que la lutte contre le tabac ne doit pas faiblir, notamment face à la montée du vapotage et des nouveaux produits nicotiniques. L’agence souligne que le tabac reste une inégalité sociale de santé majeure : dans les catégories populaires, les taux de dépendance demeurent élevés, et les pathologies liées au tabac (cancers, maladies cardiovasculaires, BPCO) continuent d’y faire des ravages. Les experts plaident donc pour poursuivre les actions ciblées dans les territoires les plus touchés, renforcer l’accès aux substituts nicotiniques et investir davantage dans la prévention en milieu scolaire et professionnel.

En dix ans, la France a franchi une étape majeure dans sa lutte contre le tabagisme.
Les efforts conjoints des pouvoirs publics, des associations et des professionnels de santé ont permis d’enclencher une dynamique durable. Mais l’objectif affiché par le gouvernement – une génération sans tabac d’ici 2032 – reste ambitieux. Pour y parvenir, la prévention, l’accompagnement et l’éducation à la santé devront rester au cœur des politiques publiques.

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