Depuis le début du procès des viols de Mazan, Gisèle Pélicot, a su se montrer digne et combative. Notamment en demandant à ce que le huis clos ne soit pas requis, afin de permettre au public d’assister aux audiences. Cette fois, ce vendredi 4 octobre, ce sont les vidéos de ses viols qui ont été diffusées au sein de la salle d’audience, dans la Cour criminelle du Vaucluse, devant un public retenant son souffle. Le président, Roger Arata, est en effet revenu sur sa décision initiale d’exclure le public et la presse de la diffusion des images, dont le caractère  « indécent et choquant » avait été pointé du doigt par ce dernier.

Les accusés maintiennent leur défense

Dès l’audience du vendredi après-midi neuf vidéos et une poignée de photos ont donc été diffusées. Toutes concernaient les sept accusés, sur les 51 jugés, dont les cas étaient examinés cette semaine. Ces images, elles proviennent directement des archives, soigneusement organisées, de Dominique Pélicot, qui a reconnu avoir drogué son épouse Gisèle, de 2011 à 2020 dans le but de la violer et de la faire violer. Pendant près d’ une heure et demi, dans une salle d’audience silencieuse, les images de son calvaire ont été diffusées. Son ex-mari, Dominique Pélicot n’a, semble-t-il, pas voulu faire face à ses propres crimes. En effet, lors de la diffusion des images, il se cachait les yeux d’une main, pour ne pas voir l’écran. 

« Ici, ce dont il est question, c’est de savoir si la perception qui nous est rapportée de ceux qui prétendent ne pas avoir eu la perception d’une scène de viol, est crédible ou pas », a souligné Antoine Camus, avocat de la victime. Du côté des autres accusés, les comportements étaient divers. Certains préféraient regarder le sol quand d’autres avaient le regard fixé vers l’écran, de marbre, devant une femme inerte. Et quoiqu’il en soit, après la diffusion de ses premières salves de vidéos, les accusés ont tous gardé leur ligne de défense : ils ne savaient pas qu’elle était inconsciente et pensaient prendre part à une « scénario » libertin. 

Images diffusées : l’effroi du public

Peu avant le visionnage,  une assistante du tribunal prévient le public : « les âmes sensibles, vous n’hésitez pas à sortir ». Sur ces images, aucun détail n’est laissé au hasard. Ronflements de la victime, gros plans sur les parties intimes mais aussi plans larges sur cette femme, tout simplement inerte. La salle d’audience, entière, retient son souffle. Le silence y est alourdissant. Certaines personnes se cachent les yeux, d’autres ont les mains devant la bouche, pour marquer l’effroi. Lors de la troisième vidéo, plus personne ne semble capable de continuer le visionnage. « On se doutait que c’était grave, mais visuellement, on ne pensait pas que c’était aussi grave…Les ronflements… On ne pouvait pas penser que c’était aussi grave », confie Célestine, au micro de BFMTV.  « Comment peut-on réagir bestialement, ils s’en servent comme un morceau de viande. J’ai honte d’être un homme », réagit un homme, en larmes, présent dans la salle d’audience.

La vérité en face

Pour les avocats de Gisèle Pélicot, la diffusion de ces images était prépondérante quant à la suite du procès. En effet, elles ne laissent que peu de doute quant à l’état de la victime. « Pour Gisèle Pelicot, il est trop tard, le mal est fait. Les deux cents viols qu’elle a subis par ces dizaines d’hommes qui sont venus la violer dans sa chambre à coucher alors qu’elle était inconsciente, la brutalité des débats qui se tiennent dans cette salle, elle devra vivre avec pour le restant de sa vie », avait argumenté à l’audience Me Babonneau. « Elles montrent que ce sont des viols par opportunité et que, au-delà, il était question d’avilir, d’humilier, de salir, il était en réalité question de haine de la femme. Aucun n’a dénoncé les faits, chacun a contribué à sa petite échelle à cette banalité du viol, à cette banalité du mal », avait ajouté Me Camus. 

« On le voit très clairement, c’est une poupée de chiffon sur les images, c’est ça qui est encore plus douloureux », dénonce une personne du public, après le visionnage des vidéos, à TF1. Mais si Gisèle Pélicot a insisté pour que ces vidéos soient rendues publiques, ce n’est pas uniquement pour assurer son état de victime. C’est aussi pour aider les autres femmes victimes de violences sexuelles, trop souvent invisibilisées. « Le fait qu’elle dise : ‘je veux que ce soit public’, qu’elle regarde les vidéos, ce n’est pas seulement pour elle qu’elle travaille, elle travaille pour toutes les autres femmes », témoigne une personne, présente lors du cortège organisé en soutien à Gisèle Pélicot. 

Le procès a repris ce lundi 7 octobre. À la barre cette semaine : cinq individus âgés de 40 à 74 ans, jugés pour viols aggravés.

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