La consommation d’alcool poursuit son déclin en France, un phénomène confirmé par le bilan annuel de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT). Les jeunes générations, en particulier, s’éloignent de l’alcool comme jamais auparavant, marquant un tournant culturel significatif. Toutefois, cette baisse globale cache des disparités, et les hospitalisations liées à l’alcool continuent d’augmenter.
Une génération qui redéfinit son rapport à l’alcool
Selon l’OFDT, près de 20 % des adolescents de 17 ans n’ont jamais goûté à l’alcool, un chiffre trois fois plus élevé qu’il y a vingt ans. Ce phénomène est le résultat de plusieurs facteurs, comme la sensibilisation accrue aux risques liés à l’alcool et les choix personnels des jeunes. Lorène, 17 ans, illustre cette tendance au micro de France Inter : « J’ai vu les effets que peut avoir l’alcool sur le corps, ça m’a toujours dégoûtée. Je n’ai jamais eu envie de boire. » Les motivations religieuses jouent également un rôle. Massiré, lui aussi âgé de 17 ans, confie : « Dans ma religion, c’est interdit de boire. Mais c’est aussi un choix personnel. Je ne vais pas me forcer à boire juste pour ressembler aux autres. » Malgré des pressions sociales encore fortes, ces adolescents affirment leur indépendance en refusant de céder aux normes traditionnelles de convivialité.
Cependant, l’alcool reste une réalité pour une partie des jeunes, notamment lors des soirées où les pratiques de binge drinking continuent. Cette recherche de l’ivresse rapide concerne environ un quart des 18-24 ans. Rosalie, une lycéenne, tempère toutefois auprès de France Inter: « J’ai l’impression qu’il y a plus de gens qui fument du cannabis que ceux qui boivent de l’alcool ». En effet, près de 40 % des adolescents ont déjà expérimenté le cannabis à 17 ans, un chiffre qui tend à rivaliser avec celui de l’alcool dans certains contextes sociaux.
Une consommation d’alcool en baisse chez les adultes
La diminution de la consommation d’alcool ne se limite pas aux jeunes. Chez les adultes, la baisse est également significative. Entre 2021 et 2023, la consommation quotidienne d’alcool a chuté de 13 %, ne concernant plus que 7 % des Français âgés de 18 à 75 ans. Cette tendance marque une rupture avec des décennies où l’alcool, notamment le vin, occupait une place centrale dans la vie quotidienne des Français. Le vin, pourtant emblématique de la culture française, voit ses ventes continuer de baisser (-4 % en 2023), bien qu’il reste la boisson alcoolisée la plus consommée. À l’inverse, la bière gagne du terrain, représentant désormais un quart des volumes d’alcool mis sur le marché. Ce glissement illustre une évolution des habitudes de consommation vers des boissons perçues comme plus légères et adaptées à des contextes sociaux différents.
Malgré cette baisse globale de la consommation, les conséquences sanitaires de l’alcool restent préoccupantes. En 2023, les hospitalisations liées à l’alcool ont augmenté de 4,1 %, touchant principalement des hommes (75 %) avec une moyenne d’âge de 56 ans. Ce paradoxe s’explique par les dommages à long terme causés par des années de consommation excessive, qui continuent de peser sur le système de santé. Ces chiffres rappellent que, si la société s’éloigne progressivement de l’alcool, les défis liés à l’alcoolodépendance demeurent importants. Le déclin des consommations traditionnelles, comme le vin, n’efface pas l’impact des comportements à risque, notamment chez les générations plus âgées ou dans certains contextes festifs.
Un tournant sociétal majeur
Cette évolution des comportements traduit une prise de conscience collective des dangers liés à l’alcool et un changement progressif des mentalités, en particulier chez les jeunes. Si les pressions sociales autour de l’alcool persistent, elles s’atténuent face à des choix individuels plus affirmés. Cependant, le bilan montre aussi les défis à venir : la lutte contre l’alcoolodépendance et ses conséquences sanitaires reste une priorité.
Pour les générations actuelles, cette transition pourrait marquer le début d’une relation plus saine avec l’alcool. Mais cette avancée culturelle doit s’accompagner d’un soutien accru pour les personnes déjà touchées par les effets de la consommation excessive, afin que cette baisse ne se limite pas à un simple chiffre, mais devienne une véritable victoire pour la santé publique.