Avec un bilan provisoire de 31 morts et près de 1 400 blessés, le département français d’outre-mer se remet difficilement de la pire catastrophe naturelle qu’il ait connue en 90 ans.  Ce jeudi 19 décembre, le président Emmanuel Macron a annoncé une journée de deuil national le lundi 23 décembre, affirmant : « Nos drapeaux seront en berne. Tous les Français seront invités à se recueillir à 11 heures. » Mais derrière l’émotion, la colère gronde. Pour beaucoup, la catastrophe a révélé de manière brutale les carences structurelles d’une île abandonnée par la République.

« C’est le sous-développement qui a tué »

Lors d’une conférence intitulée « Le moment politique », Jean-Luc Mélenchon, leader de La France insoumise, a pointé du doigt ce qu’il considère comme les vraies causes du drame. « Ce n’est pas seulement un événement climatique. C’est le dénuement, le sous-développement, le mépris de classe qui ont tué », a-t-il affirmé, en critiquant un « abandon politique » de l’archipel. L’île de Mayotte, souvent présentée comme le département le plus pauvre de France, est marquée par des infrastructures défaillantes et un tissu social fragilisé. Près d’un tiers de la population vivait dans des « bangas » – des habitations précaires – avant que le cyclone ne les réduise en miettes. 

Jean-Luc Mélenchon a souligné que ces bidonvilles représentent une conséquence directe de la pauvreté systémique, regrettant que la réponse politique à ces situations soit souvent limitée à des démolitions sans alternative. « Détruire un bidonville, c’est à la portée de tout le monde, mais encore faut-il dire aux gens où ils vont aller », a-t-il déclaré. Le président Emmanuel Macron, présent sur place, a d’ailleurs annoncé une « loi spéciale » pour accélérer la reconstruction de Mayotte, promettant de « rebâtir le département avec de nouveaux critères ». Il a également évoqué un fonds d’indemnisation pour les sinistrés non assurés, sans préciser le montant.

Une reconstruction sous tension

Alors que l’état de « calamité naturelle exceptionnelle » a été déclaré pour une durée minimale d’un mois, l’approvisionnement en eau et en vivres reste un défi logistique majeur. Emmanuel Macron a promis que toutes les communes seraient ravitaillées d’ici dimanche soir, notamment grâce à des largages par hélicoptère. Le président a prolongé son séjour à Mayotte jusqu’à vendredi, prévoyant de se rendre dans les « bangas » et d’atteindre des zones éloignées du chef-lieu Mamoudzou. Cependant, ses annonces peinent à convaincre une partie de la population, qui déplore un manque d’anticipation face à la précarité chronique de l’île. « On va se relever ensemble », a-t-il pourtant assuré, appelant les Mahorais à faire preuve de résilience.

Le cyclone Chido a mis en lumière des fractures sociales et économiques qui, pour beaucoup, s’apparentent à une double peine : celle d’être exposé à des phénomènes climatiques extrêmes tout en souffrant d’un manque cruel de moyens pour y faire face. Alors que l’attention médiatique est focalisée sur Mayotte, les décisions prises dans les semaines à venir pourraient marquer un tournant dans la manière dont la République traite ses territoires les plus vulnérables.

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