En pleine journée, plusieurs individus armés ont ouvert le feu à l’arme automatique sur un groupe de jeunes. Bilan : quatre blessés, dont trois par balles. La scène, d’une brutalité rare, ravive les inquiétudes liées aux trafics de stupéfiants et à la montée en puissance des violences urbaines.
Une attaque en plein cœur du quartier Kennedy
Il est un peu plus de 17h30 quand des détonations résonnent sur la dalle Kennedy, vaste esplanade au cœur du quartier populaire de Villejean. Trois jeunes hommes sont blessés par balles, dont deux à l’intérieur même d’un restaurant Subway, alors qu’un quatrième est fauché par un véhicule en fuite. La scène a été rapide, brutale et d’un professionnalisme glaçant. Selon les premiers éléments, les tireurs, masqués et lourdement armés, ont agi de manière coordonnée. « Ce n’est pas une simple rixe. C’est une attaque ciblée », estime une source proche de l’enquête, citée par 20 Minutes. L’arme utilisée ? Une kalachnikov, symbole tristement célèbre des règlements de comptes dans le milieu du narcotrafic.
La scène a plongé le quartier dans une panique totale. Des familles, des passants, des commerçants et même deux élus municipaux d’opposition étaient présents. L’un d’eux, Charles Compagnon, a confié à France Bleu Armorique : « Je me suis jeté au sol. C’est surréaliste de vivre ça en plein cœur de Rennes. » Son collègue Nicolas Boucher ajoute : « Les balles ont sifflé à quelques mètres. On a eu une chance incroyable. »
Une enquête pour tentative de meurtre en bande organisée
Le parquet de Rennes a immédiatement ouvert une enquête pour « tentative de meurtre en bande organisée ». Une qualification qui montre le sérieux avec lequel les autorités prennent cet acte. Les forces de l’ordre privilégient la piste d’un règlement de comptes sur fond de trafic de drogue. Le quartier de Villejean est connu pour être un point de deal actif, et les tensions entre bandes rivales y sont fréquentes.
Une source policière, citée par Nice-Matin, évoque « une volonté d’intimider ou d’éliminer un concurrent ». Le mode opératoire – attaque éclair, tirs en rafale, fuite organisée – correspond à une logique mafieuse plus qu’à une délinquance de rue classique. La maire de Rennes, Nathalie Appéré, s’est rendue sur les lieux dans la foulée et a condamné « un acte d’une gravité inouïe » tout en appelant au renforcement de la présence policière dans le quartier.
Un climat d’insécurité grandissant dans les quartiers
Villejean n’en est pas à sa première flambée de violence. Depuis plusieurs mois, des habitants dénoncent une dégradation du climat sécuritaire. « On a peur, tout simplement. Avant, c’étaient des bagarres, maintenant ce sont des kalachnikovs », déclare un commerçant à Ouest-France. Dans ce quartier populaire, qui concentre de nombreuses difficultés sociales, la pression du trafic de stupéfiants est omniprésente. Pour les habitants, cette fusillade est un point de non-retour. « Je ne laisse plus mes enfants sortir seuls. Ce n’est plus vivable », confie une mère de famille rencontrée sur la dalle Kennedy.
Ce qui choque le plus, c’est que l’attaque s’est déroulée en pleine journée, dans un lieu fréquenté, au milieu des passants. Deux élus municipaux ont failli être touchés. Mais plus inquiétant encore, ces derniers jours, les attaques contre des personnels de l’État, notamment pénitentiaires, se multiplient. Des syndicalistes parlent même de « guerre psychologique » menée contre les institutions. Dans le cas de Rennes, si la piste d’un message adressé à l’État reste hypothétique, la violence de l’acte, son lieu et le moment choisi témoignent d’une volonté d’occuper le terrain par la peur. « C’est une démonstration de force », commente un enquêteur.
Quelle réponse face à cette escalade ?
Pour l’heure, aucune arrestation n’a été annoncée. L’enquête se poursuit, appuyée par la police judiciaire et les services du renseignement. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a assuré sur X (anciennement Twitter) que « tous les moyens seront mobilisés pour identifier les auteurs de cette attaque inacceptable ». Mais sur le terrain, les habitants attendent plus que des paroles. Ils demandent des renforts, de la prévention, mais aussi une réponse judiciaire ferme. « On ne peut pas vivre comme ça. Il faut que ça cesse », résume une habitante, visiblement ébranlée.