Deux agents pénitentiaires ont été exécutés, trois autres blessés , et aujourd’hui, l’enquête révèle qu’Amra avait déjà tenté de s’évader à au moins deux reprises avant ce jour fatidique. Placé désormais dans la prison ultra-sécurisée de Condé-sur-Sarthe , il reste au centre d’une affaire tentaculaire qui implique au moins 18 complices interpellés .
Une première tentative par la fenêtre de sa cellule
Les premiers signes d’une évasion imminente apparaissent dès le 5 mai 2024 , lorsqu’un surveillant pénitentiaire des repères de dégradations sur les caillebotis de la fenêtre de la cellule de Mohamed Amra à la maison d’arrêt d’Évreux . Ces tentatives persistantes jusqu’au 13 mai , à la veille de l’attaque du fourgon pénitentiaire. Durant cette période, des drones et des voitures télécommandées sont signalés autour de l’établissement, des méthodes souvent utilisées pour acheminer du matériel aux détenus. Le 7 mai 2024 , alors qu’il est transféré dans une nouvelle cellule seule , Amra est surprise prenant en photo les barreaux avec un téléphone portable.
Une fouille peu après révèle un iPhone 13 rouge dissimulé dans une chaussette et du scotch rouge retrouvé dans son panier à linge. Mais le plus alarmant est découvert lors de l’inspection des barreaux : l’un d’eux a été scié , puis revêtement du même scotch rouge pour masquer les dégâts. Une recherche à l’extérieur de la prison permet aux enquêteurs de retrouver une scie à métaux usée , des tubes noirs et oranges, éventuellement destinés à remplacer le barreau coupé pour éviter d’éveiller les soupçons . Face à ces découvertes, l’administration pénitentiaire décide alors de placer Mohamed Amra en cellule disciplinaire .
Un réseau organisé pour l'aider à s'évader
L’exploitation du téléphone de Mohamed Amra révèle qu’il utilisait les pseudonymes « lafaucheuse » ou « lafaucheuse271 » pour communiquer sur Leboncoin et acheter une échelle télescopique . L’enquête remonte alors jusqu’à trois complices identifiés :
- Le 4 mai 2024 , l’un d’eux est aperçu acquérir une meuleuse dans un magasin de bricolage . Cet outil sera plus tard retrouvé dans le véhicule qui a percuté le fourgon pénitentiaire lors de l’évasion. Il achète aussi deux coupe-tubes , capables de sectionner des barreaux.
- Un autre complice est repéré avoir acquis une scie à métaux , la même que celle retrouvée près de la cellule d’Amra.
- Un troisième individu est chargé de récupérer l’échelle télescopique , essentielle pour une évasion par la fenêtre.
Ces éléments prouvent que Mohamed Amra et son entourage planifiait activement une fuite , quittant à organiser une attaque de convoi pénitentiaire si nécessaire .
Une première tentative d'exfiltration le 7 mai 2024 ?
Une attaque du fourgon pénitentiaire était-elle prévue avant celle du 14 mai ? C’est l’une des questions majeures qui soulèvent l’enquête. Ce jour-là, Mohamed Amra devait être transféré au tribunal d’Évreux . À 5h30 du matin , trois véhicules avec des hommes cagoulés sont repérés dans un village voisin d’Évreux . Une patrouille de gendarmerie tente de s’approcher, mais les occupants prennent immédiatement la fuite .
Ces véhicules correspondent à ceux utilisés lors de l’attaque du 14 mai , et les enquêteurs détectent l’usage de « téléphones de guerre » , équipés de cartes SIM anonymes, activés aussi bien le 7 que le 14 mai . Autre révélation troublante : des indices laissent penser que les membres du commando du 14 mai étaient également présents le 7 mai . L’évasion devait-elle avoir lieu une semaine plus tôt , avant d’être repoussée suite à l’intervention inopinée des gendarmes ? C’est l’une des hypothèses sur lesquelles les enquêteurs travaillent.