L’Assemblée nationale a adopté, mercredi 13 mars, une résolution affirmant son soutien à l’Ukraine face à l’agression russe et appelant à la saisie des avoirs russes pour financer la reconstruction du pays. Ce vote, bien qu’en grande majorité favorable, a révélé des lignes de fracture au sein du paysage politique français, avec l’abstention du Rassemblement national (RN) et l’opposition des députés de La France insoumise (LFI) et du Parti communiste français (PCF).
Un soutien affiché à l'Ukraine et des mesures concrètes
Déposée par le groupe Renaissance, la résolution appelle notamment à la saisie des avoirs russes gelés en Europe, un montant estimé à près de 200 milliards d’euros, afin de financer la reconstruction de l’Ukraine. Cette démarche s’inscrit dans une dynamique déjà engagée par l’Union européenne et les États-Unis.
Adoptée par 372 voix contre 99, la résolution a reçu le soutien massif des députés de la majorité présidentielle (Renaissance, MoDem, Horizons), des Républicains (LR) ainsi que des démocrates et écologistes. « Ce texte envoie un message fort à l’Ukraine et à nos partenaires européens : la France est pleinement engagée dans le soutien à Kiev », a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Sébastien Lecornu, à l’issue du vote.
Un clivage entre le RN, LFI et la majorité
Si le vote a été massivement favorable, il a toutefois exposé des divisions profondes. Le Rassemblement national a choisi de s’abstenir, tout en réaffirmant son soutien à l’Ukraine. Marine Le Pen a justifié cette position en expliquant que son parti refusait toute escalade militaire et « l’instrumentalisation de la souffrance ukrainienne ».
De leur côté, les députés de La France insoumise et du Parti communiste ont voté contre. Jean-Luc Mélenchon a dénoncé « un alignement sur la stratégie atlantiste » et s’est opposé à la saisie des avoirs russes, jugeant cette mesure illégale au regard du droit international. Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, a quant à lui critiqué une « posture belliciste » qui, selon lui, ne fait qu’attiser les tensions avec Moscou.
Une fracture politique et des interrogations sur la stratégie française
Ce vote met en évidence la difficulté pour la France de définir une ligne commune face au conflit en Ukraine. Si la majorité présidentielle et la droite traditionnelle soutiennent fermement Kiev, d’autres formations politiques restent prudentes, voire opposées à un engagement trop prononcé.
La question de la saisie des avoirs russes reste également sujette à débat. Si l’Union européenne a déjà entamé des discussions sur le sujet, la mise en place effective de cette mesure soulève des questions juridiques complexes.
Ce vote illustre ainsi les tensions qui traversent le débat politique français sur l’Ukraine, entre soutien affiché, prudence stratégique et oppositions marquées. Une fracture qui risque de s’intensifier à mesure que la guerre se prolonge et que les exigences de soutien à Kiev se font plus pressantes.