Santé publique France alerte sur l’intensité de la vague, qui a touché toutes les classes d’âge, et particulièrement les plus fragiles. En toile de fond : un vaccin peu efficace chez les seniors et une couverture vaccinale jugée insuffisante.

Une épidémie plus longue, plus précoce et plus sévère

De début décembre à fin février, l’épidémie de grippe a mis la France métropolitaine à rude épreuve.  En trois mois, près de 30 000 hospitalisations ont été recensées, et près de 5 000 décès ont été certifiés comme étant liés au virus, selon le dernier bilan de Santé publique France. En réalité, ces chiffres ne reflètent qu’une partie de l’impact réel de la grippe : « Ce chiffre de 5 000 morts repose sur les certificats électroniques, mais il sous-estime probablement la mortalité globale », explique l’agence de santé publique.

L’élément particulièrement inquiétant cette saison : la co-circulation simultanée des trois souches de virus grippaux – influenza A (H1N1 et H3N2) et influenza B. Une configuration rare, analysée par le Pr Marianne Ramex-Velty, directrice du Centre National de Référence des Virus Respiratoires à l’Institut Pasteur : « Le virus B cible plus souvent les enfants et les jeunes adultes, tandis que les virus A, touchent davantage les personnes âgées. Cela explique pourquoi toutes les tranches d’âge ont été sévèrement touchées cette année. »

Les enfants et les personnes âgées en première ligne

Parmi les tranches d’âge les plus affectées : les moins de 5 ans et les plus de 65 ans. Chez les plus jeunes, la proportion d’hospitalisations a été exceptionnellement élevée. Chez les aînés, la létalité a été dramatique : 82 % des décès recensés concernent cette catégorie de la population.En cause, selon les experts : une couverture vaccinale jugée très insuffisante. Chez les plus de 65 ans, seulement 53 % des personnes sont vaccinées contre la grippe. « C’est bien trop peu, alors que ce sont justement les plus vulnérables », regrette Santé publique France. De plus, le vaccin de cette saison a montré une efficacité « faible à modérée » chez les personnes âgées, ajoute l’agence. Autre facteur aggravant : la forte circulation du virus au moment des fêtes de fin d’année dans les écoles, favorisant la transmission intergénérationnelle au sein des familles.

Selon Santé publique France, cette vague grippale exceptionnelle pourrait aussi avoir eu un effet domino : elle aurait favorisé la circulation d’autres infections graves, notamment les infections à méningocoques, dont les cas ont bondi cet hiver. Si la bronchiolite est restée dans une dynamique comparable aux années d’avant-Covid – notamment grâce aux traitements préventifs disponibles pour les nourrissons – et si le Covid-19 a circulé à un niveau relativement bas, c’est bien la grippe qui s’est imposée comme la menace sanitaire majeure de cet hiver.

Des leçons à tirer pour l’avenir : vaccination, prévention, vigilance

Pour les autorités sanitaires, l’épidémie de cette année doit servir de signal d’alarme. Malgré les campagnes d’information, la couverture vaccinale contre la grippe reste insuffisante, notamment chez les plus vulnérables. « Une meilleure anticipation, une campagne de vaccination plus large et une sensibilisation accrue sont des clés pour éviter un impact aussi fort sur le système hospitalier », souligne Santé publique France dans son rapport.

Alors que la grippe continue de causer plusieurs milliers de morts chaque hiver, l’agence insiste sur l’importance de renforcer la confiance dans le vaccin, d’améliorer sa couverture chez les personnes âgées, et de poursuivre les efforts de surveillance virologique pour adapter les souches vaccinales chaque saison.

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