Trois jeunes adultes, inconnus de la justice, sont soupçonnés d’avoir organisé un trafic départemental de cannabis, cocaïne et kétamine, avec livraison via la messagerie Signal. Deux d’entre eux ont déjà été condamnés.

Une enquête lancée fin novembre 2024 a mis en lumière un réseau structuré de distribution de drogue opérant en Côtes-d’Armor. Les forces de l’ordre bretonnes, en collaboration avec l’OFast (Office français anti-stupéfiants), ont identifié le circuit : des stockages à Rennes, des commandes sur Signal, des livraisons à domicile et au volant. Elle a débouché, début juin, sur l’interpellation de trois jeunes adultes (deux hommes de 26 ans et une femme de 27 ans), jusqu’alors inconnus des services.

L’opération a porté ses fruits : 32kg de drogues ont été saisis — cannabis, cocaïne et kétamine — ainsi que 4000€ en liquide, preuve d’un trafic conséquent et actif à l’échelle du département. Le tout a été étalé sur deux jours d’intervention, vendredi et samedi derniers, dans plusieurs zones près de Rennes.

Un réseau organisé et connecté, modulé autour de la messagerie Signal

Le choix de Signal, application de messagerie chiffrée, atteste d’une volonté claire de préserver l’anonymat des échanges entre vendeurs et acheteurs. La mécanique était rodée : réception de la drogue, conditionnement, emballement, puis envoi sur commande. L’enquête, initiée en novembre, a permis de recenser plusieurs dizaines de clients réguliers, dont certains domiciliés en centre-ville. Cette opération s’inscrit dans le cadre des opérations « Place nette », lancées fin 2023 par le ministère de l’Intérieur pour démanteler de tels réseaux. Ces interventions mobilisent des unités spécialisées (OFAST, JIRS, police), tant en zones urbaines que rurales : 876 kg de cannabis, 15kg de cocaïne et 98 armes saisis dans toute la France selon les bilans récents.

Deux condamnations prononcées, un dernier suspect prochainement jugé

Après leur placement en garde à vue, deux des suspects ont été jugés ce lundi 10 juin devant un tribunal correctionnel :

  • L’un des hommes de 26 ans a été condamné à 24 mois de prison, dont 12 mois avec sursis probatoire.
  • La femme de 27 ans a écopé de 30 mois, dont 18 mois avec sursis probatoire.

Le troisième suspect, un homme de 26 ans, comparaîtra ce mardi 11 juin.

Ces peines illustrent la tolérance zéro vis-à-vis des trafics locaux en zone périurbaine, devenue une priorité des autorités. Les observateurs notent que la judiciarisation rapide des deux premiers répond à un impératif : envoyer un signal fort contre la banalisation du trafic.

Un réseau digne d’un trafic organisé avec des réponses coordonnées

Les saisies, lourds volumes et infrastructures associées (communication cryptée, circulation rapide des produits) révèlent un niveau d’organisation que l’on retrouve généralement chez des réseaux plus structurés. L’OFast, créé en 2020 et compterait une centaine d’agents spécialisés, a été récemment mobilisé dans ce dossier. Sa mission : centraliser les renseignements, assister la police judiciaire et coordonner les opérations sur le territoire. Ce renforcement des dispositifs de lutte contre la drogue — appuyé par une politique nationale de sécurisation territoriale — montre les efforts constants de l’État pour contenir un fléau devenu insidieux, en particulier dans les zones périurbaines.

Ce démantèlement de réseau dans les Côtes-d’Armor met en lumière une nouvelle réalité : Internet et les messageries sécurisées permettent à de jeunes acteurs, même inactifs auparavant, de monter des filières locales à grande échelle. Bien que les peines prononcées soient significatives, elles soulèvent la question du suivi judiciaire et éducatif de personnes encore jeunes. Reste à savoir si cette affaire marquera une défaite durable dans la guerre au trafic, ou un simple répit pour les habitants bretons.

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