Après douze jours d’escalade militaire, Israël a accepté ce mardi 24 juin la proposition de cessez-le-feu bilatéral transmise par les États-Unis à l’Iran. Si cette annonce offre un répit bienvenu, les conditions de l’accord restent floues, et la tension demeure extrême au Proche-Orient.
Face au risque d’embrasement régional, les États-Unis ont joué un rôle central dans les négociations. Selon Reuters, Donald Trump, candidat à sa réélection, a contacté directement Benjamin Netanyahu, tandis que ses émissaires ont multiplié les échanges via le Qatar et Oman avec des responsables iraniens. C’est à l’issue de cette médiation éclair que l’annonce d’une trêve est tombée, dans un climat de grande incertitude.
Dans un communiqué officiel, le Premier ministre israélien a déclaré : « Nous avons accepté la proposition du président Trump, après avoir atteint nos objectifs militaires. Mais nous restons pleinement mobilisés et ripostons fermement à toute violation ». De son côté, Trump a posté un message laconique mais solennel sur Truth Social : « THE CEASEFIRE IS NOW IN EFFECT. PLEASE DONT VIOLATE IT! », confirmant que le cessez-le-feu était désormais actif, sans plus de détails sur ses modalités.
Des affrontements meurtriers aux portes d’un embrasement régional
Cette trêve met (temporairement) fin à une flambée de violence qui a fait redouter un nouveau conflit de grande ampleur au Moyen-Orient. Ces deux dernières semaines, l’Iran avait tiré plusieurs salves de missiles sur le sud d’Israël, en particulier sur la ville de Beersheba. Le bilan humain est lourd : au moins quatre morts et plus d’une vingtaine de blessés selon les autorités locales. En réponse, Tsahal avait intensifié ses frappes ciblées sur des installations militaires iraniennes, affirmant avoir neutralisé « les capacités balistiques et nucléaires en cours de développement » sur le territoire iranien. Selon les médias américains, plus de 300 drones, missiles de croisière et projectiles balistiques ont été échangés en l’espace de dix jours. Une séquence que Donald Trump a qualifiée de « 12 Day War », soulignant la gravité de la confrontation.
Lundi soir, pour la première fois depuis le début de l’escalade, aucun drone iranien n’a été détecté dans le ciel israélien. Mais les autorités iraniennes tempèrent. Abbas Araghchi, ministre iranien des Affaires étrangères, a déclaré : « Il n’y a pas d’accord formel. L’Iran cesse ses frappes uniquement si Israël arrête les siennes avant 4 heures, heure de Téhéran. »
Un cessez-le-feu salué mais encore fragile
La communauté internationale a rapidement salué l’accord, sans pour autant masquer sa prudence. Le New York Times souligne qu’il s’agit d’une pause tactique, sans encadrement international ni calendrier précis. Aucun protocole n’a été publié à l’heure actuelle, et les deux parties continuent de se rejeter mutuellement la responsabilité de la spirale des violences. Le Financial Times rapporte que les marchés ont immédiatement réagi, les cours du pétrole brut ayant chuté de près de 5 % dès l’annonce de la trêve. La Chine, l’Union européenne et les pays du G7 ont salué « un pas dans la bonne direction », tout en appelant à une désescalade durable.
Mais pour nombre d’observateurs, cette accalmie n’est que temporaire. « Ce cessez-le-feu est une suspension par nécessité, pas une véritable volonté de paix », confiait un diplomate occidental à Politico. À Tel-Aviv, comme à Téhéran, les opinions publiques sont divisées entre soulagement et frustration, et aucune médiation durable n’a encore vu le jour.
Le spectre d’une guerre régionale plane toujours
En coulisses, Washington cherche à éviter une contagion du conflit vers d’autres foyers déjà sous tension, comme le Liban, la Syrie ou l’Irak. L’administration Trump, en pleine campagne électorale, redoute qu’un dérapage compromette son image d’« homme fort » du Proche-Orient. Côté israélien, l’état-major reste mobilisé. Si les frappes cessent, les incursions de Tsahal se poursuivent dans la bande de Gaza et à la frontière nord. De son côté, l’Iran pourrait continuer à soutenir ses alliés régionaux comme le Hezbollah, laissant craindre un embrasement indirect.
Cette trêve arrachée in extremis pourrait n’être qu’une parenthèse si elle n’est pas suivie de mesures diplomatiques concrètes. Israël, fort de ses succès militaires, affirme avoir rempli ses objectifs. Mais sans un engagement politique réciproque, ce cessez-le-feu pourrait s’effriter dès la première provocation. L’avenir proche dira si cette pause marque le début d’un dialogue de fond ou un simple répit dans une guerre à épisodes.