En route pour l’Assemblée générale de l’ONU, l’avion de Benyamin Nétanyahou a volontairement évité l’espace aérien français et celui de plusieurs pays européens. Derrière ce détour inattendu, des raisons diplomatiques et juridiques liées au mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale.

En route vers New York pour participer à l’Assemblée générale de l’ONU, Benyamin Nétanyahou a choisi un itinéraire aérien inhabituel, évitant la France et plusieurs pays européens. Un détour révélateur de la pression judiciaire internationale qui pèse sur le Premier ministre israélien, visé par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale.

Un itinéraire rallongé qui intrigue observateurs et diplomates

Le « Wing of Zion », l’avion officiel du Premier ministre israélien, a suscité la curiosité des spécialistes du trafic aérien. Alors que la route la plus directe entre Tel-Aviv et New York passe par l’Europe centrale, l’appareil a délibérément contourné plusieurs espaces aériens. Son trajet a suivi une ligne plus méridionale : survol de la Grèce au sud d’Athènes, passage au-dessus de la Sicile et de la Sardaigne, puis descente vers Gibraltar avant de traverser l’Atlantique. À première vue, rien n’empêchait Benyamin Nétanyahou d’opter pour la route habituelle. La France avait confirmé avoir donné son feu vert au survol de son territoire. 

D’autres pays européens, également sollicités, ne s’y opposaient pas. Mais la décision israélienne ne relève pas d’une contrainte technique : elle s’explique par une prudence politique et juridique. Le détour n’est pas sans conséquences pratiques. En allongeant la durée du vol, il impose une consommation de carburant plus importante. Pour compenser, l’appareil a décollé partiellement vide, avec moins de passagers et de bagages. Contrairement à ses habitudes, Nétanyahou a aussi choisi de voyager sans journalistes, rompant avec une tradition de transparence relative lors de ses déplacements diplomatiques. Cette absence souligne à quel point le trajet relevait moins d’un simple choix logistique que d’une manœuvre calculée, visant à réduire les risques liés à un contexte international tendu.

La crainte d’un mandat d’arrêt exécuté en Europe

Depuis novembre 2024, la Cour pénale internationale a émis des mandats d’arrêt contre Benyamin Nétanyahou et son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant. Ils sont accusés de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité dans la bande de Gaza. En théorie, ces mandats obligent les États signataires du Statut de Rome – la France incluse – à procéder à leur arrestation s’ils se trouvent sur leur territoire. La France avait pourtant rappelé, par la voix de son ministère des Affaires étrangères, que l’immunité des chefs de gouvernement en exercice devait prévaloir. Dans un communiqué d’avril 2025, le Quai d’Orsay avait affirmé que « de telles immunités s’appliquent au Premier ministre Nétanyahou et aux autres ministres concernés et devront être prises en considération si la CPI devait nous demander leur arrestation ». Paris insistait également sur « l’amitié historique qui lie la France à Israël ». Mais sur le plan diplomatique, rien n’est totalement acquis. Si un atterrissage d’urgence avait contraint l’appareil à se poser dans un pays signataire du traité, la situation aurait pu devenir explosive : exécuter le mandat de la CPI au nom de la justice internationale, ou respecter l’immunité d’un dirigeant étranger au risque de s’attirer des critiques. Un dilemme dont Nétanyahou n’a pas voulu courir le risque, préférant éviter purement et simplement ces espaces aériens.

Ce détour illustre aussi son isolement croissant. En choisissant la voie la plus sûre, le Premier ministre israélien envoie un message clair : il ne fait pas confiance à la solidité des garanties diplomatiques de ses alliés européens. Ce geste traduit la fracture grandissante entre Israël et une partie de l’Europe, où les critiques à l’égard de sa politique à Gaza se multiplient.

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