Depuis la révocation de l’arrêt Roe vs. Wade, le sujet brûlant de l’avortement est sur toutes les lèvres. Si on connaît l’avis de la majorité aux Etats-Unis, qu’en est-il des Français ? Une étude lève le voile.
En juin 2022, les Etats-Unis faisaient un bond effroyable en arrière. L’arrêt Roe Vs. Wade qui permet aux femmes d’avoir accès à l’avortement était révoqué, laissant à chaque Etat de légiférer sur l’accès à l’interruption volontaire de grossesse. Une décision largement contestée Outre-Atlantique, mais également en France. A tel point qu’il est question de faire entrer le droit à l’avortement dans le constitution, ce qui empêcherait tout
revirement. L’opinion publique a fustigé les choix du gouvernement américain, mais qu’en est-il des Français à part entière ? Partagent-ils finalement les mêmes convictions que les Américains au sujet de l’avortement ? Une étude a levé le voile et spoiler alert : nous sommes très loin de penser comme eux.
Des divergences très marquées
Si vous faisiez partie des personnes inquiètes quant à la question de l’accès à l’IVG en France, rassurez-vous : cette étude prouve que les Français sont en totale opposition avec le mode de pensée de nombreux Américains sur la question. En effet, ils sont en moyenne 81 % à soutenir le droit d’avorter librement, contre seulement 50 % de leurs homologues outre-atlantique. Pour parvenir à ces résultats, un sondage a été réalisé en ligne auprès d’un échantillon représentatif de la population de 1550 Américains et de 1506 Français, tous âgés de 18 ans et plus.
Du côté des États-Unis, le sondage montre que 30 % des répondants affirment que l’accès à l’avortement est acceptable uniquement dans certaines conditions. Cette part de personnes qui pensent que l’accès à l’avortement est conditionnel est réduite à 14% du côté des Français. 14 % des Américains pensent qu’une femme ne devrait pas avoir accès à l’avortement sauf dans le cas où la grossesse mettrait la vie de la femme en danger. 4% de Français partagent cette pensée. Enfin, 6 % des Américains sont pour une interdiction totale de l’IVG. 1% des Français va dans ce sens. « Dans ce contexte de montée de la tolérance et de la liberté de choix, la société française est aujourd’hui nettement plus attachée à une législation ’libérale’ de l’avortement que la société américaine », précise au HuffPost le directeur du pôle actualité et politique de l’Ifop, François Kraus.
Les Américains bien plus conservateurs que les Français
« La France a évolué au milieu des années 1970 avec le débat autour de la loi Veil et le procès de Bobigny (le procès pour avortement de 5 jeunes femmes) », analyse François Kraus pour le HuffPost. Selon lui, c’est la religion qui constitue la raison la plus évidente face à cet écart de pensée : « Au fil des années, l’accès à l’avortement a été massivement accepté grâce à la sécularisation des Français. La France est un pays où l’influence de la religion sur les comportements conjugaux des gens est la plus faible (…) Aux États-Unis, il y a une période similaire après l’arrêt Roe v. Wade en 1973. Mais cette révolution sociétale a suscité une contre-révolution incarnée politiquement par les années Reagan.
Les Églises, les milieux conservateurs et les médias ont mené un combat idéologique et culturel qui a abouti à la révocation de l’arrêt », a-t-il continué.
Mais au-delà de la question de la religion, il y a la question du féminisme. Et il semble que les Français aient plus à cœur de se montrer progressiste sur ce sujet. Pour preuve, 45 % des Américains condamnent moralement l’avortement contre seulement 15 % des Français. Ce qui représente un écart drastique et révélateur. Ces différences peuvent notamment s’expliquer en partie par le fait que la « société américaine (est) plus conservatrice sur les enjeux liés au genre et à la sexualité que les Français », à en croire l’Ifop. Ainsi, les sondés américains sont presque trois fois plus nombreux à se déclarer conservateurs (30 %) que les Français (13 %). Et cela va au-delà des questions de féminisme : les Américains interrogés se montrent par exemple plus prompts à condamner moralement les aventures adultères hors mariage puisqu’ils sont 84 % contre 63 % des Français, le divorce (plus d’un quart des Américains contre 8 % de Français) et l’homosexualité (39 contre 19 %). Enfin, les Français semblent plus disposer à se déclarer féministes : 67 % des sondés en moyenne, contre 52 % côté américain. Hommes et femmes confondus.