On le sait, sur les réseaux sociaux, tout va très vite. Les réseaux sociaux sont l’équivalent d’un monde à part dans lequel on peut se retrouver en haut de l’échelle en un claquement de doigts comme tout en bas, avec une seule phrase dite de travers. Et Andrew Tate en est le parfait exemple. Son nom vous parle ? C’est normal, il défraye la chronique depuis plusieurs mois maintenant. Plus récemment, il a échangé quelques invectives à Greta Thunberg sur Twitter puis a été arrêté quelques jours plus tard, en Roumanie. Que lui est-il reproché et pourquoi fait-il autant parler de lui ?
Andrew Tate, misogyne 2.0
Ce britannico-américain âgé de 36 ans est un ancien kickboxeur. Il commence sa carrière de sportif sur le ring en 2005, en remportant le championnat ISKA Full-Contact à Derby, en Angleterre. Il tire un trait sur la boxe en 2013, après 17 victoires en 19 combats, deux titres mondiaux et une défaite. Et ce n’est pas sa carrière d’athlète qui l’a fait connaître. Mais plutôt ses propos misogynes et masculinistes qu’il a largement partagés sur les réseaux sociaux. En 2016, il participe à l’émission de télé-réalité Big Brother, dont il est rapidement évincé après la diffusion d’une vidéo dans laquelle tout laisse penser qu’il bat une femme. Le principal intéressé se défend alors en mettant en avant des actes consensuels. Et si cette vidéo le met très clairement en porte-à-faux, elle lui permet également de gagner en notoriété. Un buzz sur lequel il va surfer et répandre des propos problématiques. Il est ensuite banni de Twitter en 2017, pour ses positions exprimées au cours de l’affaire Harvey Weinstein, selon lesquelles les victimes partagent la responsabilité de leurs agressions. Il sera ensuite également banni d’Instagram, TikTok et Facebook.
En 2017 il est mis en cause dans une affaire de violences sexuelles. Il s’est donc enfui du Royaume-Uni pour rejoindre la Roumanie et s’y installer. En avril 2022, la police locale avait alors perquisitionné son manoir à la suite du signalement par l’ambassade des Etats-Unis selon lequel une Américaine de 21 ans y serait séquestrée. Après avoir été interrogé, l’ancien kickboxeur était ressorti libre. Grâce au rachat de Twitter par Elon Musk, Andrew Tate a vu son compte Twitter être réactivé. Une aubaine pour le misogyne et l’occasion de continuer à répandre ses idées à ses fans. Et des fans, il en a. Le 27 décembre, il provoque alors Greta Thunberg, la militante écologiste de 19 ans, en l’interpellant sur le réseau social : « Salut Greta Thunberg, j’ai 33 voitures. Ma Bugatti a un moteur quad turbo de 8 litres et 16 valves. Mes deux Ferrari 812 competizione en ont un de 6,5 litres et 12 valves. C’est juste le début. S’il te plaît, donne-moi ton adresse mail comme ça je pourrai t’envoyer la liste complète de ma collection de voitures et leurs énormes émissions respectives ». La réponse de la principale intéressée ne s’est alors pas fait attendre : « Oui, merci de m’éclairer. Envoie-moi un mail à l’adresse energiedepetitebite@achètetoiunevie.com ».
Arrestation pour trafic d’êtres humains
Peu après, le 29 décembre, Andrew Tate et son frère, Tristan Tate, sont arrêtés en Roumanie et placés en garde à vue pour « vingt-quatre heures » comme l’affirme l’AFP. Selon le parquet chargé du dossier, Andrew Tate et son frère sont soupçonnés d’avoir « créé une bande organisée dans le but de recruter, loger et exploiter des femmes en les forçant à créer des contenus pornographiques pour des sites spécialisés », rapporte l’agence Reuters. De son côté, la Direction roumaine des enquêtes sur le crime organisé et le terrorisme (Diicot) assurait avoir identifié six victimes depuis 2021, « exploitées sexuellement par le groupe criminel organisé ». Les victimes auraient été convaincues de rejoindre la Roumanie grâce à la méthode du « loverboy » qui consiste à faire croire à sa victime à des sentiments amoureux. Les victimes y auraient ensuite subi des « actes de violences physiques et de coercition mentale » pour être « exploitées sexuellement ».
Peu de temps avant son arrestation, le « roi de la masculinité toxique », avait répondu en vidéo à Greta Thunberg par une vidéo, vraisemblablement piqué dans son ego. Et il y a de quoi. Il s’est donc exhibé dans une vidéo clichée où on l’aperçoit un cigare aux lèvres demandant qu’on lui apporte des pizzas dont il souhaite être certain que « les cartons ne seront pas recyclés »… Ces cartons proviennent d’un restaurant roumain. Une vidéo qui aurait, selon de nombreux internautes, permis à la police locale de localiser le mis en cause. « Voici ce qui se passe lorsque vous ne recyclez pas vos cartons de pizza », avait alors tweeté Greta Thunberg. Mais les enquêteurs ont rapidement démenti cette information : « Pour déterminer si une personne se trouve dans le pays ou non, nous utilisons toute une gamme de moyens », a expliqué Ramona Bolla, porte-parole du parquet anti-mafia DIICOT, à l’AFP, précisant que « les mandats d’arrêt et de perquisitions » étaient déjà prêts.