L’Aide Médicale d’État (AME) se retrouve une fois de plus au cœur des débats politiques avec la présentation du budget 2025. Alors que le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau prône une réduction de ce dispositif qu’il considère coûteux, le gouvernement a choisi de renforcer son financement. De son côté, Jérôme Guedj, député socialiste, défend fermement le maintien de l’AME, soulignant que sa suppression pourrait entraîner des dépenses encore plus élevées pour l’État à long terme.

Une aide indispensable pour la santé publique

Lors de son intervention à la Grande interview Europe 1-Cnews, Jérôme Guedj a vigoureusement plaidé contre la suppression de l’AME, rappelant que cette aide représente une partie infime du budget global de la santé. « L’AME constitue moins de 0,3 % des dépenses totales de l’assurance maladie, soit environ 1 milliard d’euros sur les 200 milliards consacrés chaque année à la santé », a-t-il précisé. Pour le député, concentrer le débat sur l’AME revient à agiter un « chiffon rouge » pour détourner l’attention des véritables enjeux économiques.

Selon Guedj, la suppression de l’AME, souvent proposée pour réaliser des économies budgétaires, serait en réalité un choix contre-productif. Il souligne que retarder les soins pour les personnes en situation irrégulière jusqu’à ce qu’ils deviennent des urgences médicales ne ferait qu’augmenter les coûts pour le système de santé. « En privant ces personnes d’accès préventif aux soins, on les pousse à recourir aux urgences hospitalières lorsque leur état devient critique, ce qui est bien plus coûteux pour la collectivité », explique-t-il.

Des comparaisons internationales qui renforcent l'argument

Pour renforcer son point de vue, Jérôme Guedj compare la situation de la France à celle de l’Espagne, où l’AME n’est accordée qu’en cas de menace vitale. Selon lui, ce modèle est inefficace et inhumain : « Dire aux gens de rester avec leur maladie jusqu’à ce qu’elle menace leur vie avant de pouvoir être pris en charge revient à compliquer inutilement la prise en charge médicale et à alourdir la facture pour le système de santé ». Cette approche, axée sur la réduction à court terme des dépenses, finit par augmenter les coûts à long terme en raison des complications médicales non traitées.

Les défenseurs de l’AME, comme Guedj, mettent en avant son rôle crucial dans la prévention des épidémies et la protection de l’ensemble de la population. Le gouvernement, dans son projet de loi de finances, a d’ailleurs souligné la nécessité de ce dispositif pour « préserver la santé publique et éviter les risques épidémiologiques ». Cette vision est soutenue par la mission confiée à Claude Evin et Patrick Stefanini, qui a rappelé l’importance de l’AME dans le contrôle des maladies contagieuses et dans la promotion d’une approche humanitaire de la santé.

Le véritable coût des politiques fiscales et le rôle de l’AME

Jérôme Guedj n’a pas seulement défendu l’AME, il a également critiqué la stratégie économique globale de l’État. Il rappelle que la réduction des recettes fiscales de 50 milliards d’euros ces dernières années a profondément affaibli les finances publiques. Pour le député socialiste, cet « appauvrissement volontaire » de l’État a conduit à des coupes budgétaires drastiques dans des secteurs essentiels comme la santé, l’éducation, et la justice.

« On ne peut pas blâmer les étrangers pour les difficultés budgétaires du pays. La vraie question, c’est la réduction massive des recettes fiscales qui a affaibli nos moyens de financement des services publics », a-t-il déclaré. Guedj considère que le débat sur l’AME est une distraction utilisée pour justifier des coupes dans d’autres secteurs cruciaux de l’État, alors que les économies potentielles réalisées sur cette aide sont minimes en comparaison des pertes fiscales accumulées.

Une enveloppe budgétaire renforcée malgré les critiques

Le gouvernement a finalement décidé de sanctuariser le budget de l’AME pour 2025, augmentant son enveloppe de 1,1 milliard d’euros en 2024 à 1,2 milliard d’euros pour l’année prochaine. Cette décision va à l’encontre des appels de Bruno Retailleau et de certains membres du parti Les Républicains, qui préconisent une réforme profonde ou une réduction drastique du dispositif.

En réponse aux critiques sur les risques d’abus, l’exécutif a rappelé que l’AME est déjà strictement encadrée pour éviter toute fraude. Les mesures incluent le dépôt physique des demandes dans les caisses primaires d’assurance maladie et l’accès à la base de données Visabio, permettant de vérifier que les bénéficiaires de l’AME ne sont pas couverts par d’autres systèmes d’assurance. Le gouvernement souligne également l’importance d’une gestion rigoureuse et de la lutte contre les abus pour assurer la viabilité de ce dispositif essentiel.

Un enjeu humanitaire et économique

L’AME reste ainsi un sujet de débat crucial qui va bien au-delà des simples questions budgétaires. Les défenseurs de l’AME, comme Jérôme Guedj, plaident pour une vision à long terme de la santé publique, où l’accès aux soins est considéré comme un investissement dans la prévention et la stabilité sociale. Ils estiment que cette aide, loin d’être un luxe coûteux, est un pilier essentiel pour une société solidaire et en bonne santé.

Le gouvernement semble pour l’instant avoir choisi d’aller dans cette direction, en augmentant l’enveloppe budgétaire allouée à l’AME pour 2025, au grand dam des pourfendeurs du dispositif.

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