Le verdict est tombé ce lundi 31 mars : Marine Le Pen a été reconnue coupable de détournement de fonds publics dans l’affaire des assistants parlementaires européens. Alors que l’ombre de l’appel plane, cette décision bouleverse les plans du RN à un an de l’élection présidentielle et provoque un véritable séisme dans la classe politique, en France comme à l’étranger.

Marine Le Pen inéligible : une bombe judiciaire

Le tribunal correctionnel de Paris a condamné, lundi 31 mars, Marine Le Pen à quatre ans de prison, dont deux fermes sous bracelet électronique, 100 000 euros d’amende et cinq ans d’inéligibilité pour détournement de fonds publics européens. La présidente du groupe Rassemblement national (RN) à l’Assemblée nationale était jugée avec 26 co-prévenus dans l’affaire dite des assistants parlementaires européens. Selon le tribunal, Marine Le Pen a employé des assistants parlementaires européens pour des missions de nature strictement partisane, en dehors du cadre défini par le Parlement européen. L’argent, issu de fonds publics, aurait donc été indûment utilisé. Cette inéligibilité, si elle est confirmée en appel, compromettrait sérieusement sa candidature à l’élection présidentielle de 2027. Marine Le Pen a d’ores et déjà annoncé son intention de faire appel, ce qui suspend les effets de la condamnation.  Plusieurs figures historiques et actuelles du Rassemblement national ont été condamnées dans cette affaire tentaculaire. Louis Aliot, maire de Perpignan et vice-président du parti, a écopé de 18 mois de prison, dont 6 mois ferme sous bracelet électronique, et trois ans d’inéligibilité. Toutefois, sans exécution provisoire, il conserve pour l’instant son mandat. 

Bruno Gollnisch, ancien député européen et figure de l’extrême droite, a été condamné à trois ans de prison (dont un an ferme), 50 000 euros d’amende et cinq ans d’inéligibilité immédiate – une décision qu’il a jugée « inacceptable » et contre laquelle il a fait appel. Nicolas Bay, aujourd’hui rallié à Éric Zemmour, a été condamné à 12 mois de prison (dont six avec sursis), 8 000 euros d’amende et trois ans d’inéligibilité. Julien Odoul, député de l’Yonne, a quant à lui été condamné à 8 mois avec sursis et un an d’inéligibilité. Yann Le Pen, sœur de Marine et mère de Marion Maréchal, a reçu une peine de 12 mois avec sursis et deux ans d’inéligibilité assortis de sursis. L’ancienne cheffe de cabinet de Marine Le Pen, également visée, a été déclarée inéligible pour deux ans avec exécution immédiate. Thierry Légier, garde du corps emblématique de la famille Le Pen, a lui aussi été condamné à 12 mois avec sursis et deux ans d’inéligibilité. Enfin, Wallerand de Saint-Just, ex-trésorier du RN, a écopé de trois ans de prison dont deux avec sursis, assortis d’une amende de 50 000 euros. Pour lui, il s’agit d’une « volonté politique du tribunal ».

Quelles réactions de la classe politique ?

La décision de justice a provoqué une tempête politique. À gauche, les leaders de LFI et du PS ont salué « la victoire de l’État de droit ». Raphaël Glucksmann a déclaré que « la justice fait enfin son travail face aux puissants ». Côté macroniste, le porte-parole du gouvernement a appelé à « respecter les décisions de justice », tout en affirmant ne pas vouloir commenter une affaire en cours. L’ancien président François Hollande a jugé « inacceptable qu’on remette en cause les juges ». À l’international, Donald Trump a rapidement réagi, comparant la situation à ses propres poursuites : « Cela ressemble beaucoup à ce qui se passe chez nous ». Elon Musk, de son côté, a accusé la justice d’être instrumentalisée : « Quand la gauche radicale ne peut pas gagner dans les urnes, elle utilise les tribunaux ».

Du côté du poulain de Marine Le Pen, Jordan Bardella, la pilule est difficile à avaler. Dans une lettre adressée aux sympathisants du Rassemblement national, Jordan Bardella dénonce avec force la décision de justice à l’encontre de Marine Le Pen, qu’il qualifie de « brutale, injuste et antidémocratique ». Le président du RN accuse une partie de la justice de vouloir éliminer politiquement leur candidate, faute de l’avoir vaincue dans les urnes. Selon lui, cette condamnation à l’inéligibilité avec exécution provisoire constitue un « scandale » qui bafoue la présomption d’innocence, et s’inscrit dans une dérive autoritaire, où « le pouvoir peut faire fermer une chaîne de télévision » et « interdire à la cheffe de l’opposition de se présenter ». Bardella appelle à une mobilisation populaire et pacifique pour défendre Marine Le Pen et la démocratie française, estimant que « la volonté du peuple est la plus forte ».

"Je ne vais pas me laisser éliminer"

Invitée sur le plateau du 20h de TF1 lundi soir, Marine Le Pen est apparue offensive. Dénonçant une « décision politique » censée l’empêcher de se présenter à l’élection présidentielle de 2027, la députée du Pas-de-Calais affirme qu’une magistrate lui aurait dit vouloir rendre sa peine d’inéligibilité immédiate pour la priver de toute chance d’accéder à l’Élysée, sans toutefois avancer de nom. Elle qualifie ce moment de « jour funeste » pour la démocratie française et s’interroge déjà sur la légitimité du futur président, si elle est empêchée de concourir. Si elle a fait appel de la décision dans l’après-midi, elle dit ne pas faire confiance aux délais de la justice et refuse catégoriquement l’idée de se retirer de la vie politique. Quant à une éventuelle demande de grâce présidentielle, elle écarte l’hypothèse. Face à Gilles Bouleau, Marine Le Pen se pose en combattante fidèle à ses électeurs : « Ça fait 30 ans que je me bats contre la justice et pour les Français qui me soutiennent. » Affaire à suivre. 

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