Vous pensiez que votre petit ventre de quadragénaire venait de vos apéros, de vos séances de sport ratées ou de vos nuits trop courtes ? La réalité pourrait être bien différente. Une étude publiée le 25 avril 2025 dans la revue Science, menée par des chercheurs du City of Hope Medical Center en Californie, révèle que le ventre qui s’arrondit avec l’âge serait avant tout… une affaire de cellules.

Une production naturelle de graisse avec l’âge

Les chercheurs ont découvert qu’avec l’âge, notre organisme commence à produire de nouvelles cellules adipeuses (adipocytes) au niveau du ventre. Et ce, sans changement d’alimentation ni de niveau d’activité physique. Le phénomène s’explique par l’activation tardive d’un type particulier de cellules souches : les progénitrices d’adipocytes. « Alors que la plupart des cellules souches perdent leur capacité de proliférer avec l’âge, c’est le contraire ici : l’âge libère leur pouvoir de multiplication », explique le chercheur Adolfo Garcia-Ocana dans le communiqué de l’étude. Autrement dit : votre ventre se développe naturellement vers la quarantaine, à cause de cellules programmées pour produire de la graisse à ce moment précis de la vie.

Les expérimentations ont été menées sur des souris. En observant l’évolution des cellules progénitrices d’adipocytes, les scientifiques ont identifié un pic d’activité à 12 mois (l’équivalent de la quarantaine chez les souris). Le corps commence alors à générer massivement de nouveaux adipocytes, même avec une alimentation inchangée. Et ce n’est pas tout : le phénomène s’accompagne d’un ralentissement du métabolisme et d’une moins bonne sensibilité à l’insuline, ce qui augmente le risque de diabète de type 2. « Les gens ont tendance à perdre de la masse musculaire et à gagner en gras en vieillissant, même si leur poids reste stable », note Qiong (Annabel) Wang, co-autrice de l’étude. « Cela s’expliquerait par l’activation d’un nouveau type de cellules souches qui booste la production de graisse abdominale. »

Vers un traitement anti-bedaine ?

Bonne nouvelle : les scientifiques ont aussi identifié un marqueur biologique précis associé à ces cellules graisseuses liées à l’âge. Il s’agit du récepteur LIFR (Leukemia Inhibitory Factor Receptor). En bloquant ce récepteur, via un médicament ou une manipulation génétique, la production de nouveaux adipocytes est stoppée net, sans toucher aux autres cellules graisseuses utiles à l’organisme. « C’est la première fois qu’on identifie une cible précise qui pourrait permettre d’éviter l’apparition du “ventre du milieu de vie” », souligne l’équipe de recherche.

Si les résultats de cette étude restent pour l’instant limités aux modèles animaux, ils ouvrent une piste prometteuse : celle de traitements capables de limiter l’accumulation de graisse abdominale liée à l’âge, sans bouleverser les autres fonctions métaboliques. Éviter les interventions drastiques, réduire les risques de diabète, d’hypertension ou de maladies cardiovasculaires, tout en conservant une silhouette plus harmonieuse : les implications sont aussi bien médicales qu’esthétiques. Mais patience : des essais cliniques humains restent à mener pour vérifier la sécurité et l’efficacité des inhibiteurs de LIFR chez l’homme. D’ici là, il reste utile de surveiller son hygiène de vie… mais sans culpabilité inutile.

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