La lutte contre le tabac est loin d’être finie. Si entre 2014 et 2019 la France connaissait un recul hors norme du tabagisme chez les adultes, l’arrivée du Covid-19, a, semble-t-il, fait renaître les envies de tabac. C’est en tout cas ce que tend à mettre en lumière une récente étude publiée par Santé publique France, le mardi 13 décembre.

Tabagisme : les femmes en première ligne

En 2014, la cigarette était passée d’ultra « hype » à super ringarde. Et c’était une très bonne nouvelle. En effet, à cette époque, le tabagisme était en forte diminution. C’était d’ailleurs la première fois depuis les années 2000 qu’une baisse de cette ampleur était constatée. En tout, c’est une baisse de 16% qui était enregistrée durant cette période fatidique. Entre 2016 et 2017, on comptait un million de fumeurs en moins puis 600 000 fumeurs en Mons entre les années 2017 et 2018. Une baisse historique « chez les hommes comme chez les femmes, dans plusieurs classes d’âge de 18 à 54 ans, chez les personnes non diplômées et chez celles les plus diplômées, pour tous les niveaux de revenus et parmi les actifs occupés » avait alors indiqué Santé publique France.

Cette baisse aura été de courte durée puisqu’avec l’arrivée du Covid et des confinements, le tabagisme a repris de plus belle. En 2021, en France métropolitaine, plus de trois adultes de 18-75 ans sur 10 ont déclaré fumer (31,9 %), et un quart quotidiennement (25,3 %). Le bilan publié par Santé publique France indique notamment que cette hausse a été observée chez les femmes et les personnes les plus précaires. «Chez les femmes de 18 – 75 ans, le tabagisme quotidien a augmenté entre 2019 et 2021, passant de 20,7 % à 23 % », indique Santé publique France. Même constat du côté des personnes les plus précaires : « La prévalence passe de 29 % à 32 %. 15 points de plus que chez les titulaires d’un diplôme supérieur », alerte Santé publique France. Pour expliquer ces chiffres, Santé publique France juge qu’« un impact de la crise sociale et économique liée à la Covid-19 ne peut être exclu ».

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Le tabac contre le stress ?

« Cette épidémie et ses mesures de gestion ont bouleversé les situations personnelles et professionnelles et pourraient avoir eu un impact sur la consommation », note Santé publique France. « Cette crise a eu des conséquences psychologiques, économiques et sociales, davantage marquées parmi les populations défavorisées », ajoute l’organisation qui explique que la cigarette pourrait avoir un effet anti-stress ressenti par les personnes angoissées par la situation. « La cigarette peut être perçue comme un outil pour gérer le stress ou surmonter les difficultés du quotidien ». Et si les femmes et les plus précaires sont les plus concernés, la proportion de fumeurs enregistrée en 2021 reste élevée. En 2021, en France métropolitaine, plus de 3 personnes de 18-75 ans sur 10 déclaraient fumer (31,9 %) et un quart déclarait fumer quotidiennement (25,3 %). Le fumeur quotidien estime sa consommation à 12,7 cigarettes par jour.

Concernant les régions les plus touchées par le tabagisme, Santé publique France met en avant L’Occitanie (28,5 %) et Paca (29,1 %) tandis que l’Île-de-France et les Pays-de-la-Loire sont les moins touchées avec 22,4 %. Seul point positif, qui reste malgré tout à confirmer ? Une baisse du tabagisme quotidien chez les hommes de 18-24 ans. Une tendance déjà à la baisse depuis quelques années chez les adolescents. « Fumer, c’est une prise de risque, il faut le voir comme une maladie. La définition de l’addiction, c’est maintenir un comportement alors qu’on en connaît les effets néfastes. Le jour où on verra le tabac comme une addiction, peut-être que les choses changeront enfin » explique Barbara Rampillon, formatrice en thérapies comportementales cognitives (TCC), dans les colonnes de Midi Libre. Nous sommes donc encore loin d’une société sans tabac.

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